Juste avant les vacances, j’avais souligné l’impressionnante
perte d’influence des Français au sein de la Commission européenne : ils
sont réduits à la portion congrue au niveau des plus hauts postes administratifs
(directeurs généraux et directeurs généraux adjoints), notamment au profit des
Allemands, des Britanniques ou encore des… Irlandais. Cette perte d’influence
se confirme lorsqu’on examine la composition des cabinets des 27 commissaires
européens, des postes éminemment politiques.
Certes, en première analyse, les Français n’ont pas à se
plaindre, puisque sur les 195 postes de cabinet, ils en occupent 25, exactement
comme les Britanniques (24) et un peu plus que les Allemands (21). Si on s’en
tient là, les grands perdants sont les Italiens qui n’occupent que 14 postes de
cabinet, soit moins que les Espagnols (16). Mais, au niveau des chefs de
cabinet (directeur de cabinet en France), c’est la Bérézina : on ne compte
que 2 Français occupant ces postes prestigieux contre 6 Allemands et 6
Britanniques… Les Français font jeu égal avec les Belges (2 néerlandophones en
l’occurrence) et sont devancés par les Irlandais (3). Parmi les grands pays,
seule l’Italie fait pire, puisqu’elle ne compte aucun « chef cab’ ». Lot
de consolation : 7 chefs de cabinet adjoints sont Français contre 3
Britanniques, 2 Allemands et 1 Italien.
Il faut bien voir que les postes de chef de cabinet sont presque
aussi importants que ceux de commissaires, la plupart des décisions étant prises
par la réunion des chefs de cabinet lors de leur réunion du lundi. Ne « montent »
au collège des commissaires, qui se réunit le mercredi matin, que les dossiers
sur lesquels aucune majorité n’a pu être trouvée en « chef cab’ ». Ce
sont aussi les chefs de cabinet qui sont en contact quotidien avec les
directions générales et qui orientent donc le travail de l’administration.
Une telle sous-représentation des Français tant au niveau
des postes de Directeurs généraux que
de ceux de chefs de cabinet est sans
précédent dans l’histoire de la Commission. Tout comme, la domination
allemande, qui fait écho à celle qu’ils exercent sur le Parlement européen
grâce à leurs 99 députés. Quant aux « native english speaker» - et
notamment les Irlandais dont l’influence est sans commune mesure avec la taille
de leur pays -, ils confirment année après année leur emprise sur les
institutions communautaires, comme le démontre la domination chaque jour plus
absolue de la langue anglaise. Le paradoxe est assez amusant : plus
l’Europe devient anglo-saxone, moins les anglo-saxons l’aiment. Devant un tel
tableau, on se demande vraiment pourquoi la France soutien la reconduction de
José Manuel Durao Barroso, qui est bel et bien l’homme de Londres.
