José Manuel Durao Barroso a été largement investi, à midi,
par le Parlement européen réuni en
session plénière à Strasbourg. Sur les 718
députés qui ont pris part au scrutin (sur 736), 382 ont accepté qu’il effectue
un second quinquennat à la présidence de la Commission européenne, contre 219
et 117 abstentions. Il dépasse ainsi la majorité absolue des membres du
Parlement (369 voix), celle qui sera exigée si le traité de Lisbonne entre en
vigueur, même si aujourd’hui une majorité simple des voix exprimées lui
suffisait.

La faiblesse de son opposition est frappante : en comparaison,
en 1994, le Luxembourgeois Jacques Santer, une personnalité pourtant infiniment
moins controversée, n’avait été élu que par 260 voix contre 238 et 23
abstentions…
Par rapport à juillet 2004, date de sa première investiture,
il ne perd que quelques voix : à l’époque 413 députés avaient voté pour
lui contre 251 et 44 abstentions. On notera que s’il perd une trentaine de voix
entre les deux scrutins, ses opposants eux aussi sortent affaiblis puisqu’ils
ne sont plus que 219 à avoir voté contre lui. Pas mal pour un président qui est
le premier à se représenter
devant le Parlement européen avec un bilan. Le
président de Commission le mieux investi reste pour l’instant l’Italien Romano
Prodi qui a obtenu en mai 1999 392 voix contre 72 et 41 abstentions. Il faut
dire qu’à l’époque, le Parlement européen était encore traumatisé par la
démission de la Commission Santer impliquée dans des affaires de fraudes. Avant
1994, le Parlement n’était pas formellement consulté, cette procédure
d’investiture ayant été introduite par le traité de Maastricht entré en vigueur
en novembre 1993.

Les socialistes européens portent une responsabilité
historique dans cette élection : incapables de se mettre d’accord, ils se
sont divisés et une bonne partie d’entre eux se sont réfugiés dans
l’abstention. Si tous les abstentionnistes avaient voté contre Barroso ainsi
que l’ensemble des socialistes, il aurait été battu. Le Parlement est passé à
côté de l’histoire.
Demain, dans Libération, mon analyse détaillée du scrutin.