Les prisons néerlandaises comptent 2000 cellules inoccupées, à la fois à cause de la baisse de la
criminalité aux Pays-Bas, mais aussi des alternatives à l’emprisonnement mis en oeuvre dans ce pays. La Haye s’apprêtait donc à fermer plusieurs prisons, ce qui menace 1200 emplois. Une situation qui n’a pas échappé à la Belgique voisine où la politique pénitentiaire ressemble davantage à celle de la France et à son «tout carcéral». Confrontées à une grave surpopulation dans des prisons hors d’âge, les autorités belges ont donc proposé aux Pays-Bas, au printemps dernier, de lui louer 500 cellules.

Le 10 juillet, La Haye a donné son accord et la convention internationale nécessaire à ce transfèrement international de prisonniers est quasiment achevée. La Belgique devra acquitter un prix de 167 euros par jour et par détenu, soit 40 euros de plus qu’un détenu en Belgique, le coût annuel s’élevant à 30 millions d’euros par an. Les Pays-Bas assureront le gite, le couvert et la surveillance des prisonniers, sous la responsabilité de la Belgique. Une partie des emplois menacés aux Pays-Bas seront donc sauvegardés. Bruxelles veut louer la prison de Tilburg, à proximité de la frontière belge, et compte y transférer, début 2010, des condamnés à de longue peine, principalement issus de Flandre afin de faciliter les visites familiales. Normalement, cette situation n’est que transitoire, la Belgique ayant lancé un plan de construction de nouvelles prisons d’ici à 2016. Vu l’ampleur de la crise, il n’est pas exclu que cette solution d’urgence se prolonge…
Cela pourrait donner des idées à la France, confrontée au même problème de surpopulation et de vieillissement des infrastructures… Plutôt que de pousser au suicide des détenus, pourquoi ne pas les envoyer aux Pays-Bas? Il est néanmoins regrettable que «l’Europe des prisons» se mette ainsi en place, alors que les États seraient mieux inspirés de s’interroger sur les politiques de prévention et d’alternatives à l’emprisonnement adoptées avec succès par certains États membres.