« Je suis très impressionné par le décalage » entre les anciens et les nouveaux chiffres du déficit
public grec, a reconnu Jean-Claude Juncker, le premier ministre luxembourgeois et président de l’Eurogroupe, lundi soir à Luxembourg, à l’issue d’une réunion des ministres des Finances de la zone euro. Le gouvernement conservateur sortant avait en effet annoncé un déficit de 6 % en 2009, mais le gouverneur de la Banque centrale de Grèce estime qu’il sera plus proche de 10 % voire de 12 %. Le nouveau gouvernement socialiste parle, lui, d’un déficit de 13 %...

« La partie est terminée, nous avons besoin de statistiques sérieuses », a tonné Juncker. « Ce sérieux décalage va nécessiter une enquête ouverte et approfondie pour comprendre ce qui s’est passé », a ajouté Joaquin Almunia, le commissaire chargé des affaires économiques et monétaires, d’autant que « nous avons connu un épisode similaire dans le passé ».

Manifestement, la leçon n’a pas porté. Cinq ans plus tard, la Grèce est prise de nouveau en flagrant délit de mensonge, même si cette fois il ne semble concerner qu’une seule année, jusqu’à plus ample informé. Or, les pays de la zone euro partageant la même monnaie ils doivent, à tout le moins, pouvoir se faire mutuellement confiance. L’affaire grecque montre qu’il y a un sérieux problème de gouvernance de la zone euro.
<span></span><span>On peut néanmoins noter que cette nouvelle vicissitude n'a pas impressionné les marchés : l'euro a de nouveau franchi, aujourd'hui, le plafond de 1,50 dollar (il a atteint 1,60 dollar le 22 avril 2008)… Ce qui pose la question de la pertinence du Pacte de stabilité et de croissance, le non-respect généralisé du plafond des 3 % du PIB de déficit public ne nuisant manifestement pas à la force de la monnaie unique, contrairement à ce que craignait l'Allemagne avant le lancement de l'euro. Manifestement, l'effet de taille permet à une zone économique de faire à peu près n'importe quoi. Rassurant…</span>