
« Personne n’aurait pu imaginer, il y a quelques années, que des gouvernements de gauche, de droite, du sud et du nord se mettent d’accord sur le principe que quelqu’un qui n’a pas respecté les règles doit être ramené chez lui par avion, par train ou par tout autre moyen de façon digne », s’est réjoui le chef de l’Etat qui a récusé l’usage du mot « charter » : « j’emploie les mots de retour groupé européen ». Il espère désormais que les Vingt-sept iront « plus loin » : « je veux des gardes-frontière européens ».
Ces « retours groupés », pour reprendre l’euphémisme employé par le Président français, ne sont pas, à proprement parler, une nouveauté : depuis une décision d’avril 2004, les Etats membres peuvent se regrouper pour reconduire vers un ou plusieurs pays des étrangers en situation irrégulière. Pour les pays les plus désargentés, un « Fonds européen pour le retour » a même été créé à cet usage… Ainsi, la France et la Grande-Bretagne ont organisé un vol conjoint, il y a quelques jours, pour reconduire en Afghanistan un groupe de 27 demandeurs d’asile originaires de ce pays. Mais, cette fois, il s’agit de passer du stade artisanal au stade industriel : il ne s’agirait plus d’opérations monté au coup par coup et financé par chaque Etat participant, mais d’un véritable pont aérien sur fonds communautaires.
NB: article écrit avec julie Majerczak et paru aujourd’hui dans Libératiion