
C’est seulement aujourd’hui que Barroso a reçu le « dernier nom ». Finalement, les Pays-Bas ont changé leur fusil d’épaule en proposant, non pas un homme comme cela était programmé, mais le renouvellement du mandat de Neelie Kroes, l’actuelle commissaire à la concurrence. Outre Catherine Asthon, la ministre européenne des affaires étrangères, les autres femmes sont : la ministre danoise du Climat et de l’énergie Connie Hedegaard, la députée socialiste grecque Maria Damanaki, la commissaire aux Télécoms sortante, la Luxembourgeoise Viviane Reding, la ministre suédoise des Affaires européennes Cecilia Malmström, la représentante irlandaise à la Cour des comptes européenne Maire Geoghegan Quinn, la Commissaire à la Santé sortante, la Chypriote Androulla Vassiliou, et l’eurodéputée bulgare Rumiana Jeleva.
Sa Commission enfin complète, Barroso va pouvoir procéder à la répartition des portefeuilles entre
les nominés. Contre toute évidence, il a affirmé devant les eurodéputés qu’il déciderait seul : « soyons clairs, il y a toujours des pressions (des États membres), mais à la fin c’est moi qui prends la responsabilité intégrale ». Si le Français Michel Barnier n’hérite pas du maroquin du marché intérieur, mais du multilinguisme, si l’Allemand Helmut Oettinger n’a pas droit à l’industrie ou à un autre portefeuille économique, mais à la pêche, si la Néerlandaise Neelie Kroes se retrouve chargée de l’administration et non du commerce, on pourra le croire…

En réalité, la répartition des portefeuilles est évidemment au centre des préoccupations des chefs d’État et de gouvernement, comme l’a reconnu Nicolas Sarkozy jeudi dernier, à l’issue du sommet européen, et ils font partie de l’équilibre institutionnel général. On voit mal Barroso, qui n’a jamais fait montre de courage politique face aux gouvernements, aller contre les désirs des capitales, en particulier des plus importantes… Ainsi, les Britanniques ayant obtenu le poste de ministre des Affaires étrangères, il est inimaginable que les Français et les Allemands soient mal servis. Cela signifie que Michel Barnier obtiendra sans aucun doute le poste du marché intérieur (y compris les services financiers).
Dans la nouvelle architecture, plusieurs postes verront le jour : l’actuel portefeuille de commissaire à la Justice et aux Affaires intérieures sera scindé afin de laisser la place à un commissaire aux droits de l’homme, et un commissaire sera chargé du climat. La composition de la Commission devrait être annoncée dès la semaine prochaine, sans doute au moment de l’entrée en vigueur du traité de Lisbonne, le mardi 1er décembre.

Les eurodéputés allemands estiment que ce décalage dans le temps entre la prise de fonction de la ministre européenne des affaires étrangères et celle de la nouvelle commission, dont elle est aussi la vice-présidente, pose un problème juridique : ils ont donc demandé qu’Asthon soit auditionné avant le 1er décembre. Mais l’affaire s’est rapidement dégonflée : car elle peut parfaitement commencer son travail au sein du Conseil des ministres (Catherine Asthon présidera le conseil des ministres des Affaires étrangères) et attendre d’être confirmée par le Parlement européen pour visser sur son crâne sa seconde casquette. D’autant que lui faire passer une audition avant le 1er décembre risquerait d’empiéter sur les compétences du Conseil européen puisque cette partie du job ne relève que d’eux… Finalement, il a été convenu qu’Asthon prendrait « contact » avec la commission des affaires étrangères du Parlement européen…