De passage à Bruxelles, l’ancien président de la Commission européenne (1985-1995) estime
qu’Herman Van Rompuy était le seul choix que pouvaient faire les Vingt-sept pour présider le Conseil européen des chefs d’État et de gouvernement : « il n’a jamais été question en Europe d’avoir une personne qui serait président de l’Europe, les États ne l’auraient pas supporté ». D’ailleurs, ce n’est pas un hasard s’ils ont écarté Tony Blair : « ils avaient beau avoir comme candidat un homme qui aurait pu faire ça, ils ne l’auraient pas supporté. Au bout de six mois, la tension entre les différentes institutions aurait été telle que tout aurait été paralysé. Donc ils ont fait le bon choix » en nommant l’ancien premier ministre belge.

« Ce qu'on attend de lui, et il le fera très bien, c'est de rapprocher les points de vue, de faciliter la préparation des décisions, de ne pas accepter des effets d'annonce non suivis d'effet », bref d'être un honnête « chairman ». Même si Van Rompuy s'affirme fédéraliste, « quand on occupe un poste comme cela, on oublie un peu ses préférences personnelles », prévient-il.
Delors en a profité pour mettre en garde les Européens contre la panne du projet communautaire : « pour les Européens, c’est l’air du temps qui n’est pas bon (…) Ce qui est essentiel pour l’Europe en ce moment, c’est que le monde évoluant comme il le fait, nous avons le choix entre la survie et le déclin ». Et pour ce vieux sage, le déclin, c’est l’actuel retour des souverainetés nationales.
Photo: JQ