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Libération
Blog «Coulisses de Bruxelles»

Le Parlement encaisse mal l’indexation des salaires des fonctionnaires européens

On n’est jamais à l’abri du populisme, même quand on s’appelle Daniel Cohn-Bendit : l’eurodéputé vert a jugé, aujourd’hui au Parlement européen réuni à Strasbourg, « injustifié d’augmenter en ce moment un salaire de 16.000 euros par mois ». On peut considérer que les fonctionnaires européens sont bien payés, mais mieux vaut éviter de dire n’importe quoi : ce salaire n’est, en effet, versé qu’à un directeur général, le plus haut grade de la fonction publique européenne, en fin de carrière. Aujour
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publié le 15 décembre 2009 à 22h03
(mis à jour le 16 février 2015 à 16h12)
DSC07399 On n’est jamais à l’abri du populisme, même quand on s’appelle Daniel Cohn-Bendit : l’eurodéputé vert a jugé, aujourd’hui au Parlement européen réuni à Strasbourg, « injustifié d’augmenter en ce moment un salaire de 16.000 euros par mois ». On peut considérer que les fonctionnaires européens sont bien payés, mais mieux vaut éviter de dire n’importe quoi : ce salaire n’est, en effet, versé qu’à un directeur général, le plus haut grade de la fonction publique européenne, en fin de carrière. Aujourd’hui, beaucoup de soutiers des institutions communautaires gagnent entre 2800 et 5000 euros bruts… Et Cohn-Bendit oublie de préciser que les fonctionnaires ne sont pas les seuls concernés par cette hausse : son salaire de 7661 euros brut mensuel sera lui aussi augmenté de 3,7 % afin de rattraper l’inflation de l’année dernière, tout comme celui des commissaires ou des juges européens

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Reste que cette indexation de 3,7 % passe mal, surtout en ce moment, même si chacun convient, comme l'a dit le Français Joseph Daul, président du PPE, qu'il « faut appliquer les règles », l'augmentation étant l'application mécanique d'une « méthode » adoptée par les États membres pour la période 2004-2012. « Mais si les règles ne sont pas bonnes, on les changera après-demain », a souligné Daul. Son collègue socialiste, Martin Schulz, est sur la même longueur d'onde : il faut appliquer la loi, mais « c'est sûr qu'une hausse de 3,7 %, c'est beaucoup pour des gens qui gagnent beaucoup ».

Alors que l’indexation de 2008 avait été proche de zéro et que celle de l’année prochaine risque 20091216 Greve 06 même d’être négative, les fonctionnaires européens sont victimes d’un effet retard. Calculé par Eurostat pour la période juin 2008-juin 2009, le chiffre de l’indexation n’a été transmis à la Commission qu’en octobre et rendu public fin novembre, alors que tous les États doivent se serrer la ceinture. Il faudrait sans doute déjà changer la période de référence et la calquer sur l’année civile afin d’éviter ce genre de malentendu.

Ce rapport (disponible ici, en format .pdf et en anglais) est intéressant, car il montre que les salaires des huit fonctions publiques nationales de référence ont eux aussi été largement augmentés durant la même période (Belgique : +3,4 %, Allemagne : +3,1 %, Espagne : +3,3 %, France : +3,2 %, Italie : + 3 %, Luxembourg : + 3,5 %, Pays-Bas : +3,7 % et Grande-Bretagne : + 2,1 %). Ces augmentations, notamment en France, n'ont pas lieu d'un coup, mais ont été filées par trimestre, ce qui les rend moins spectaculaires, mais tout aussi réelles

Reste qu’avec une moyenne de 3 % en terme nominal (hors inflation), la méthode d’indexation communautaire offre une prime de 0,7 % à tous ceux qui sont payés par le budget communautaire : ce coup de pouce supplémentaire est dû au mode de calcul choisi par les Vingt-sept qui tient compte du coût de la vie à Bruxelles en reconstituant un « panier de la ménagère européenne ». Soit une augmentation de 6 % du coût de la vie durant cette période.

<span>Même si une nouvelle méthode est trouvé, il est clair que les fonctionnaires européens auront droit à une indexation de leur salaire, automatique (ce qui ne me semble quand même pas très en ligne avec la désindexation que prône la Commission), ou non. <br/></span>

Photos: Thierry Monasse et JQ