Menu
Libération
Blog «Coulisses de Bruxelles»

Bruxelles ou la centralisation du pouvoir européen

C’est presque un voyage nostalgique: une cinquantaine de correspondants européens en poste à Bruxelles sont à Madrid, depuis jeudi matin, pour rencontrer, durant deux jours, José Luis Zapatero, le premier ministre espagnol, et une série de ses ministres. Ce voyage – qui n’a rien d’agrément: rendez-vous à l’aéroport à 6h30 ce matin, puis réunions non stop dès notre arrivée enfermés à la Moncloa jusqu’à 20 heures, bis repetita demain, dès 8h30 - est une tradition aussi ancienne que la pré
DR
publié le 8 janvier 2010 à 0h51
(mis à jour le 16 février 2015 à 16h12)
C’est presque un voyage nostalgique: une cinquantaine de correspondants européens en poste àDSC08117 Bruxelles sont à Madrid, depuis jeudi matin, pour rencontrer, durant deux jours, José Luis Zapatero, le premier ministre espagnol, et une série de ses ministres. Ce voyage – qui n’a rien d’agrément: rendez-vous à l’aéroport à 6h30 ce matin, puis réunions non stop dès notre arrivée enfermés à la Moncloa jusqu’à 20 heures, bis repetita demain, dès 8h30 - est une tradition aussi ancienne que la présidence tournante de l’Union européenne: chaque pays qui l’exerce invite quelques journalistes, choisis selon des critères variables selon les présidences, à se rendre dans leur capitale afin d’expliquer – et vendre - les priorités de leur présidence. Mais, avec l’entrée en vigueur du traité de Lisbonne, ce genre de voyage est, à terme, condamné: l’élection d’un président permanent du Conseil européen et d’un ministre européen des affaires étrangères devrait, en effet, aboutir à une centralisation du pouvoir à Bruxelles, même si l’Espagne a encore du mal à l’admettre.

Certes, la présidence tournante est maintenue, mais elle est réduite aux acquets. Désormais, ce n'est plus le chef du gouvernement qui préside et fixe l'ordre du jour du Conseil européen. De même son ministre des affaires étrangères ne présidera plus le Conseil des ministres des affaires étrangères et de la défense.Autrement dit, il sera plus important de rencontrer Herman Van Rompuy et Catherine Ashton, respectivement président du Conseil européen et chef de la diplomatie européenne que José Luis Zapatero pour connaître la marche à venir de l'Union. D'ailleurs, ce glissement a déjà commencé: la vice-première ministre du gouvernement espagnol, Maria Teresa Fernandez de la Vega, n'avait strictement rien à dire, hier après-midi, sur l'organisation des prochains sommets, en particulier celui que vient de convoquer pour le 11 février, Herman Van Rompuy, afin de discuter des stratégies économiques.

DSC08092 En revanche, il sera toujours aussi intéressant, pour la marche des affaires européennes, de rencontrer les ministres qui continueront à présider les Conseils sectoriels (agriculture, transport, finances, etc). Mais nul besoin de les voir dans les capitales: à la différence du chef du gouvernement, ils sont à Bruxelles une ou plusieurs fois par mois... Ce qui ne veut pas dire que les journalistes n’auront pas intérêt à se rendre dans les différents pays européens afin d’apprendre à mieux les connaître et de comprendre leurs positions dans les institutions communautaires...à Bruxelles.