
Les vrais investisseurs, ceux qu’on appelle les « real money », comme les banques ou les assurances, semblent avoir enfin compris qu’ils étaient victimes d’un mouvement de panique orchestré par quelques spéculateurs, comme je l’ai révélé ici même samedi, et qu’ils risquaient d’en être victimes. Ceux-ci ont donc repris leurs achats de dettes grecs, contribuant à détendre le marché. Surtout, les spéculateurs commencent à craindre que la Banque centrale européenne se mette à intervenir massivement sur le marché secondaire (c’est-à-dire lorsqu’un prêteur revend son papier à un tiers) en achetant à tour de bras de la dette grecque, ce qu’elle peut parfaitement faire (et qu’elle fait déjà en acceptant de la dette en garantie de ses prêts aux banques), les traités européens lui interdisant seulement de prêter directement de l’argent aux États. Les hedge funds ont donc commencé à vendre des CDS qu’ils avaient acquis, contribuant à faire baisser leurs taux… Le fait que Jean-Claude Trichet ait écourté son voyage en Australie pour être certain de pouvoir assister au Conseil européen des chefs d’État et de gouvernement informel de jeudi a retenti comme un signal d’alarme.
Une rumeur supplémentaire a contribué à refroidir les ardeurs des spéculateurs. Les Vingt-sept, n’ayant guère apprécié cette attaque des marchés, sembleraient plus que jamais décidés à réglementer l’activité des hedge funds. Plusieurs pistes sont à l’étude : limiter leur accès aux liquidités qu’ils peuvent collecter, rompre, comme aux États-Unis, les liens que certains d’entre eux ont avec les banques et, enfin, interdire la vente à découvert de CDS. Bref, les hedge funds ont été un peu trop loin.