
Le moment de la publication a été soigneusement choisi : le 11 février, les Vingt-sept ont proclamé leur solidarité avec la Grèce face aux attaques des marchés financiers et, le soir même, l’Eurogroupe doit préciser ce qu’il attend de ce pays et réaffirmer qu’il ne laissera pas les marchés dévorer tout cru cette faible proie. Cette sortie d’un « sage » de la politique monétaire a donc de quoi ébranler certaines convictions. J’avoue que j’avais lu avec inquiétude cette tribune me demandant quel effet elle aurait sur les marchés.
Le problème, et il est très sérieux, est qu’Issing avance masqué : il signe sa tribune en indiquant qu’il a appartenu au directoire de la BCE et qu’il dirige le « Center for Financial studies » de l’Université de Francfort. Mais, pris de pudeur, sans doute, il a omis l’un de ses titres : il est depuis 2006, conseiller international de Goldman Sachs, la banque d’affaires américaine qui, à la fois, conseille le gouvernement grec et joue sur le marché en pariant sur une cessation de paiement de la Grèce ! Autrement dit, la solidarité de la zone euro, c’est une catastrophe pour la banque… Comme quoi la pudeur n’étouffe pas nos banquiers centraux.