Les marchés devront s’en contenter : l’Union européenne est prête à intervenir pour aider la Grèce
à se financer « si une telle nécessité devait se présenter », comme l’a expliqué hier soir Jean-Claude Juncker, le président de l’Eurogroupe, à l’issue de la réunion de l’instance qui réunit les ministres des Finances de la zone euro : « toutes les questions politiques ont trouvé une réponse ». Mais ils n’en sauront pas plus, comme cela était d’ailleurs prévu : « nous avons clarifié les modalités techniques qui nous permettront de prendre une décision sur une action coordonnée, qui pourrait être activée rapidement », s’est contenté d’expliquer le premier ministre luxembourgeois

.
Christine Lagarde, la ministre française des finances, n’a pas été plus explicite : « ce mécanisme n’est pas nécessaire aujourd’hui », s’est-elle justifiée. « Il n’y a pas de raison d’entreprendre sa mise en œuvre », puisque les marchés devraient être rassurés par le nouveau plan d’austérité grec visant à diminuer de 4 % le déficit public cette année. Elle a précisé que les seize pays de la zone euro avaient écarté l’idée de créer un mécanisme équivalent à celui du fonds européen d’aide à la balance des paiements (doté de 50 milliards d’euros) qui peut seulement bénéficier aux pays de l’Union n’ayant pas encore adopté l’euro : il permet à la Commission d’emprunter sur les marchés, après autorisation du Conseil des ministres, et avec la garantie des États membres. Selon la ministre, la raison tient au fait que « c’est plus compliqué à mettre en œuvre » et qu’il y a un problème de conformité au traité et à certaines « Constitutions nationales ». Effectivement, un tel mécanisme est clairement réservé, dans les traités européens, aux pays hors zone euro, ce qui pose un problème d’interprétation à tout le moins, voire impose une modification desdits traités….

.
Pourquoi autant de mystère sur ce plan européen ? Pour deux raisons essentiellement : d’une part, et surtout, les partenaires d’Athènes espèrent que l’affichage de leur volonté politique de voler au secours de la Grèce suffira à calmer les marchés, comme cela est le cas depuis la fin de la semaine dernière. D’autre part, s’ils doivent intervenir, ils ne veulent en aucun cas donner trop d’indications aux marchés afin de pouvoir donner une leçon à ceux qui seraient tentés de continuer à spéculer contre la dette grecque.
Photos: Thierry Monasse (non reproductibles sauf autorisation)