
Curieusement, le 11 avril dernier, les ministres des Finances de la zone euro n’avaient pas annoncé le montant précis que chacun devra débloquer si Athènes en fait la demande, ce qui a concouru à faire douter les marchés de la réalité de ce plan. On sait désormais que la quote-part de chacun sera calculée en fonction de sa participation au capital de la Banque centrale européenne (qui tient compte du PIB et de la population) en défalquant, bien sûr, la part hellène. Ainsi, le montant que devra prêter l’Allemagne s’élève à 8 milliards, celui de l’Italie à 5 milliards, de l’Espagne à 3,7 milliards, des Pays-Bas à 1,8 milliard, de la Belgique à 1,1 milliard, de l’Autriche à 900 millions, de la Finlande à 600 millions, de l’Irlande à 480 millions, de la Slovaquie à 300 millions, etc.
Les 6,3 milliards d’euros français ne seront pas immédiatement mobilisés : le gouvernement estime que le plan européen (30 milliards) auquel s’ajoutera l’aide du FMI (15 milliards) s’apparente aux garanties données aux banques en 2008 (sur les 360 milliards d’euros promis, seuls 98 milliards ont été mobilisés). Il espère donc que les marchés, rassurés par ce plan, prêteront à nouveau à la Grèce à des taux jugés normaux et qu’il ne sera pas nécessaire de l’activer dans sa totalité.
Au pire, le Trésor pourra immédiatement prêter à la Grèce 3,9 milliards d’euros, une somme qu’il a
actuellement en caisse. Ce prêt aurait une durée de 3 ans au taux de 5 %, soit bien moins que ce qu’exigent actuellement les investisseurs. Si un surplus est nécessaire, la France ira alors sur les marchés, sachant qu’actuellement elle se finance sur 3 ans à 1,25 %. Bref, au final, ces prêts vont rapporter pas mal d’argent à Paris ainsi qu’à la plupart des États de la zone euro qui se financent à des taux inférieurs… Autant d’argent qui ne tombera pas dans la poche des marchés.

Tous les pays de la zone euro ont entamé la procédure qui leur permettra d’activer le plan d’aide à la Grèce, seules l’Italie et l’Espagne n’ayant pas besoin d’une autorisation préalable de leur Parlement. Si les Pays-Bas ont déjà obtenu l’accord de principe de leurs députés, l’Allemagne, elle, n’a pas réussi à faire passer le projet de loi en procédure accélérée : le Bundestag a exigé que la procédure normale soit suivie, sans doute pour repousser son adoption au lendemain des élections en Rhénanie du Nord-Wesphalie qui s’annoncent très disputées…