
Un autre sondage publié aujourd’hui dans la Libre Belgique confirme la percée de la NV-A en Flandre : 31 % des Flamands (5 % des Bruxellois et 2 % des Wallons) souhaitent que Bart de Wever, le président du parti indépendantiste, devienne premier ministre contre seulement 15 % pour Marianne Thysen, la patronne du CD&V. En seconde position, avec 19 % des voix, on trouve en Flandre Alexander De Croo, président du parti libéral Open VLD, l’homme qui a fait tomber le gouvernement Leterme sur la question communautaire. Manifestement, le geste a plu au nord du pays. En revanche, son parti ne bénéficie pas de cette popularité : il poursuit sa chute avec 13,9 % des intentions de vote contre 18,8 % en 2007…
Il est intéressant de noter que la forte progression des intentions de vote en faveur de la NV-A se
fait au détriment de tous les partis flamands. Les autres partis indépendantistes sont ainsi en perte de vitesse (Vlaams Belang, 11,5 % des intentions de vote contre 19 % des voix en 2007, et Liste Dedecker, 6,6 % des intentions de vote), mais aussi l’Open VLD (13,9 %) et les socialistes du SP.A (13,8 %). Seuls les écologistes de Groen sont en progrès avec plus de 8 % des intentions de vote.

En Flandre, les partis franchement indépendantistes recueillent donc environ 43 % des intentions de vote. Mais il faut bien voir que tous les autres partis sont plus ou moins gagnés par ces thèses. Ainsi, on a du mal à voir ce qui différencie les programmes de la NV-A et du CD&V en matière communautaire : tous les deux réclament en effet une « Belgique confédérale » et non plus « fédérale ». En clair, l’État belge n’exercerait plus que quelques fonctions régaliennes, l’essentiel des compétences revenant aux régions. Les chrétiens-démocrates se gardent cependant de fixer l’indépendance comme objectif final même s’ils le pensent de plus en plus fort. Ce constat peut être étendu à l’Open VLD ou au SP.A, chaque parti se contentant de mettre quelques compétences en plus ou en moins dans l’escarcelle de l’État central.
La dérive vers l'indépendantisme est telle en Flandre, qu'aucun parti ne réclame la création d'une circonscription fédérale pour créer du lien entre Néerlandophones et Francophones, , sauf Groen!, (ce qu'osait encore proposer les libéraux flamands en 2005) (1), ou le retour à l'État central d'un certain nombre de compétences ou encore la fin de la guérilla contre les Francophones de la périphérie bruxelloise. Autant dire que le nationalisme flamand est désormais hégémonique et que l'on voit mal ce qui pourrait freiner l'évaporation de la Belgique.
(1) Dans le sondage de la Libre Belgique de samedi, 71 % des Flamands s’opposent à une circonscription fédérale, 56 % des Wallons et 43 % des Bruxellois. L’idée de voter pour un candidat d’une autre communauté linguistique est manifestement devenu totalement baroque en Belgique...