Le leader indépendantiste flamand a donné un avant-goût de ce qui attendait les socialistes
francophones au cours des prochaines semaines. Dans un entretien accordé, pour la seconde fois en quelques semaines, au quotidien belge francophone la Libre Belgique, (1) Bart De Wever souligne, mine de ne pas y toucher, l’homosexualité d’Elio Di Rupo, le président du PS francophone. « Non », je le connais pas, « je ne l’ai rencontré qu’une seule fois dans ma vie, il était avec son copain au Proximus Diamond Game à Anvers nous avons parlé seulement quelques minutes. On voit bien que c’est un homme avec beaucoup d’élégance toujours très soigné, il parle toujours d’une manière très prudente ». Le Proximus Diamond Game n’est pas, précisons-le, une boite gay, mais le tournoi de tennis féminin d’Anvers.

Elio Di Rupo ne cache plus son homosexualité depuis 1996, lorsqu’il a été obligé de faire son « coming out » au lendemain de l’affaire Dutroux à la suite d’une campagne particulièrement ignominieuse l’accusant de pédophilie. Mais il ne l’affiche pas non plus, respectant parfaitement la ligne que tant de politiques ignorent entre vie publique et vie privée. De Wever, à la manière d’un Jean-Marie Le Pen, dérape donc de façon très contrôlée afin de souligner ce qu’est ce Francophone qui manifestement lui donne la nausée. S’il l’avait rencontré avec Madame, l’aurait-il précisé ? On peut légitimement en douter. Rappelons qu’il a mené campagne il y a quelques années en affichant un nœud papillon (qu’affectionne Elio Di Rupo) comme symbole du « boulet » financier wallon, de la corruption et du clientélisme des socialistes francophones…
Tout le reste de l’entretien, d’ailleurs, suinte le mépris à l’égard des socialistes : « je pourrais vous donner une liste avec les points du programme du PS avec lesquels je ne suis pas d’accord si vous avez l’après-midi devant vous ». Il épingle « notamment les 7 milliards d’euros de dépenses qu’ils veulent faire alors que nous voulons réaliser des économies de 22 milliards. Je pourrais vous répondre : le PS a un programme socio-économique tellement fantaisiste que c’est impossible de parler avec lui ». Mais, comme il le dit lui-même, « ce jeu-là ne mène nulle part ».
Les socialistes, il le sait, sont prêts à avaler leur chapeau pour gouverner le pays. Pourquoi se priver de les trainer dans la boue ? Ce matin, sur la RTBF, la vice-première ministre socialiste sortante, Laurette Onkelinx, que la N-VA méprise, car elle ne parle pas néerlandais, a ainsi affirmé qu’un « compromis est possible, il nécessitera des changements profonds dans notre pays. Ce serait une étape supplémentaire dans une grande évolution de la Belgique qui a toujours connu des évolutions ». Il fallait l’entendre pour le croire.
(1) Pourquoi Bart De Wever ne parle-t-il qu'à la Libre Belgique et non au Soir? Deux explications: le journal a adopté une ligne plus compréhensive que son confrère face au nord pour préserver la Belgique et se montre ainsi plus indulgent face aux dérapages flamingants. Surtout, il semble que Bart De Wever punisse le Soir pour l'avoir violemment critiqué. Sur ce second point, on ne peut que condamner une telle attitude, la critique étant une part intégrante de la démocratie. Bart De Wever ne se gêne pas non plus dire ce qu'il pense, Elio Di Rupo en sait quelque chose.