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Libération
Blog «Coulisses de Bruxelles»

Sarkozy, seul contre tous. Vraiment ?

Les Roms se sont invités au Sommet européen qui a débuté, ce matin, à Bruxelles. À l’origine, cette réunion des vingt-sept chefs d’État et de gouvernement de l’Union, accompagnés de leur chef de la diplomatie, devait uniquement porter sur la nouvelle politique étrangère européenne. Mais la crise entre la France et les institutions européennes prenant des proportions préoccupantes, le sujet a été rajouté in extremis à l’ordre du jour. De façon impromptu, François Fillon, le premier ministre franç
DR (Monasse/europolitiquephoto.eu)
publié le 16 septembre 2010 à 12h25
(mis à jour le 16 février 2015 à 16h11)
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Les Roms se sont invités au Sommet européen qui a débuté, ce matin, à Bruxelles. À l’origine, cette réunion des vingt-sept chefs d’État et de gouvernement de l’Union, accompagnés de leur chef de la diplomatie, devait uniquement porter sur la nouvelle politique étrangère européenne. Mais la crise entre la France et les institutions européennes prenant des proportions préoccupantes, le sujet a été rajouté in extremis à l’ordre du jour. De façon impromptu, François Fillon, le premier ministre français, s’est même rendu hier soir à Bruxelles pour assister au dîner organisé par le Parti populaire européen (PPE) qui a réuni des députés européens et plusieurs chefs de gouvernement conservateurs, afin de « défendre et d’expliquer la position » de la France sur les Roms et ce, afin de trouver des alliés.
La question est maintenant de savoir si Nicolas Sarkozy, le chef de l’État français, va jouer l’apaisement avec l’exécutif communautaire, après plusieurs jours d’escalade verbale, ou, au contraire, attiser la crise dans l’espoir d’en retirer des bénéfices de politique intérieure. La seconde hypothèse semble, a priori, la plus probable après la sortie du Président de la République qui a contribué à attiser le feu, non seulement avec la Commission, mais avec le Luxembourg : lors d’un déjeuner, hier, avec des sénateurs UMP, il a conseillé à la Luxembourgeoise Viviane Reding, la commissaire chargée de la justice et des droits des citoyens qui a violemment critiqué, mardi, la politique française d’expulsion collective des Roms, de les accueillir dans le Grand Duché…
Cette gestion politique calamiteuse, mélange de coups de menton, de discours xénophobes et sorties europhobes, vaut à la France d’être largement isolée au sein de l’Union : la présidence belge de l’Union, tout comme l’Allemagne, le Luxembourg ou encore l’Autriche ont rappelé que la Commission était dans « son droit » en réclamant des explications à la France, les traités européens, dont le traité de Lisbonne négocié par Nicolas Sarkozy, lui donnant des compétences en matière de libertés publiques et de respect des droits de l’homme.
Mais, et Nicolas Sarkozy le sait, la plupart des pays européens mènent la même politique que la France à l’égard des Roms qui ne sont les bienvenus nulle part, pas plus en France qu’au Luxembourg, mais en évitant la rhétorique un tantinet xénophobe employée par la droite française. L’Allemagne vient ainsi de signer un accord avec le Kosovo prévoyant le rapatriement de 12.000 Roms – dont 5000 enfants - réfugiés chez elle souvent depuis plus de dix ans. Autrement dit, Paris n’est somme toute coupable que d’avoir dit – brutalement - tout haut ce que les autres font tout bas, ce qui pourrait lui valoir un soutien mesuré de ses pairs face à la Commission.

Cela pourrait permettre à la France de sortir par le haut de cette crise si elle réussit à faire des Roms une question européenne appelant une solution européenne. Nicolas Sarkozy y parviendra-t-il, en abandonnant son ton vindicatif, ou préférera-t-il en rester à sa rhétorique guerrière, la France contre le reste du monde afin de caresser dans le sens du poil son électorat ? Réponse ce soir.