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Blog «Grand Paris et petits détours»

On n'achète pas tous les jours un métro neuf (1/2)

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Qu’on  nous pardonne de radoter, mais l’organisation, en parallèle, de deux débats publics sur deux projets de métro concurrents, est un inédit de la vie publique française. C’est pourtant ce qui va démarrer en Ile-de-France sous la houlette de la Commission nationale du débat public à partir du 1er octobre, avec une soixantaine de réunions. Pour mémoire, et sans mauvais esprit: - à ma droite, le réseau du Grand Paris, élaboré par le gouvernement, 130 kilomètres et 23 milliards d’investissements
publié le 21 septembre 2010 à 11h12
(mis à jour le 16 février 2015 à 16h03)

Qu'on  nous pardonne de radoter, mais l'organisation, en parallèle, de deux débats publics sur deux projets de métro concurrents, est un inédit de la vie publique française. C'est pourtant ce qui va démarrer en Ile-de-France sous la houlette de la Commission nationale du débat public à partir du 1er octobre, avec une soixantaine de réunions.

Pour mémoire, et sans mauvais esprit:

- à ma droite, le réseau du Grand Paris, élaboré par le gouvernement, 130 kilomètres et 23 milliards d'investissements;
- à ma gauche, la rocade Arc Express, conçue par le Syndicat des transports d'Ile-de-France pour la région dirigée par la socialistes, 60 kilomètres et 6 milliards d'investissement.

Le deuxième est moins cher que le premier? A première vue oui, mais il est vendu avec un  «plan de mobilisation» de... 18 milliards d’euros. A savoir, un grand ensemble de réalisations à effectuer d’ici 2020 pour réparer le réseau fatigué de l’Ile-France et lancer des investissements.

Y aura-t-il de l'argent pour tout le monde? Le chef de l'Etat a affirmé le 29 avril 2009 lors de son discours à la Cité de l'architecture sur le Grand Paris: «C'est de l'ordre de 35 milliards qui doivent être dépensés». Cela vaut-il promesse de financer les deux?

L’Etat, à vrai dire, ne financerait pas l’essentiel de sa poche, ni pour l’un ni pour l’autre réseau. Celui du gouvernement doit être financé par l’emprunt. C’est la Société du Grand Paris, créée pour mener le chantier, qui s’endettera sur une quarantaire d’années. Côté Arc Express et plan de mobilisation, la région a réuni 12 milliards auprès des collectivités locales et en attend 6 de l’Etat.

Sur cette participation, «l'Etat n'a pas formellement répondu», euphémise une source gouvernementale. Tout en s'empressant d'ajouter qu'«en aucun cas, les engagements pris pour le Grand Paris ne peuvent remettre en cause les engagements pris dans les Contrats de projet Etat-région». Mais ces contrats sont loin de couvrir la totalité du plan de mobilisation.

Dans le camp d'en face, on a une vision plus radicale: «Si la Société du Grand  Paris pompe la totalité des financements, on ne pourra pas faire le reste», affirme un proche du dossier. Le reste étant le plan de mobilisation.

Quant à l'énorme dette que contractera la Société du Grand Paris, on jure, côté Etat, que la SGP ne disparaîtra qu'une fois ses dettes payées, dans quarante ans. A la région, on imagine un autre schéma: le réseau fabriqué est remis à la RATP et la dette retombe sur la tête du Stif, donc des collectivités locales in fine.