Le géant de l’habillement mondial H&M s’installe aux Champs-Elysées. C’est placardé partout dans le métro et, pour une enseigne qui avait conquis tous les emplacements à fort passage de la capitale, il ne manquait plus que celui-là.
Evidemment, ça ne surprend personne que H&M ait eu envie de s’implanter sur «la plus belle avenue du monde». Seulement voilà: ce projet a donné lieu à une guerre de plusieurs mois entre le marchand d’habits et la municipalité parisienne. Les fringues ont gagné, la Ville a perdu.
Que s’est-il passé? Comme toutes les très grandes surfaces commerciales, H&M a dû demander une autorisation en Commission départementale d’équipement commercial. La ville de Paris s’est opposée à ce qu’elle soit délivrée. Recours de l’enseigne en Commission nationale. Et bataille finale devant le Conseil d’Etat, où Paris perd. H&M aura le droit de s’installer aux Champs-Elysées.
Mais pourquoi tant de hargne? s’écriera la clientèle d’une seule voix. Eh bien, voilà. Aux yeux de la municipalité, les Champs-Elysées ne sont pas une avenue ordinaire. Ils ne doivent pas être banalisés en récoltant les mêmes magasins que partout dans les mêmes boutiques que n’importe où. La Ville, en somme, ne veut pas que les Champs subissent le sort des artères commerçantes qu’on confond toutes.
Comme il ne s’agit pas d’interdire de vendre des marchandises sur les Champs-Elysées, la municipalité a négocié avec H&M pour que la marque produise un magasin sur mesure, qui ne ressemblerait pas aux autres de la chaîne. Peine perdue. L’aménagement d’un H&M répond à des impératifs commerciaux précis. On ne pouvait pas avoir une création comme ont dessiné Citroën, Renault ou Vuitton.
Au delà de cette affaire, le sort des Champs-Elysées est une préoccupation permanente. La montée des loyers provoque le départ de tout ce qui n’est pas d’une rentabilité exceptionnelle. La Poste est partie depuis longtemps, les cinémas sont menacés. Quand une surface se libère, une grand marque de la mondialisation se jette dessus.
Du coup, le caractère de ce morceau de Paris se dilue. On y trouvait les nouveaux modèles de voitures, les films, la promenade du dimanche. Les Champs ont toujours été un lieu populaire. Cela ne les condamne pas à devenir un lieu banal.