En cherchant bien, on trouverait certainement des putschs plus sanglants. Depuis quelques jours, pourtant, le journal l’annonçait : «Les historiens prennent le pouvoir.» Mais c’est bien timidement qu’une quinzaine d’entre eux, hier matin, s’approchaient des viennoiseries. Et encore, c’étaient les candidats aux sujets «chauds» - ceux qui se décident en conférence de rédaction. Les plus prudents complotaient depuis quelques jours déjà pour envoyer à l’avance leur papier froid - histoire, justement, de rester bien au chaud dans leur rôle d’expertise.
Pourquoi sont-ils là ? On leur demande une «mise en perspective». Mais méfiance : dès qu'on s'abandonne aux facilités de l'analogie, le spectre hideux du «de tout temps» rôde. Non, ce qu'ils veulent, eux, c'est s'encanailler au feu de l'actualité, cette catin de l'historien. Le soleil brille, c'est un peu les grandes vacances. Alors hardi ! On prend congé de la vieille méthode positive, sans pour autant adopter la règle des journalistes qui prétend séparer le récit de son commentaire. C'est le moment d'accéder à la tribune et d'y fourguer son opinion. Certains ne s'en privent pas. Vous voulez un scoop, du confidentiel ? Quelque chose me dit qu'un certain agacement réciproque s'installe insidieusement entre le président Sarkozy et les universitaires. «J'adore cette effervescence!» s'enthousiasme l'un d'entre eux. Mais vient le moment où il faut écrire, dans le brouhaha ambiant, et on déchante vite. Les journalistes se bouch