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Blog «Grand Paris et petits détours»

Gouvernement: on a retrouvé le Grand Paris

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On l’a retrouvé en effet, mais presque par hasard. Lundi matin, on s’est aperçu en haut lieu qu’il n’avait été attribué à personne. Ballot. Le choix assez logique qui aurait consisté à confier à l’Equipement ce dossier à haute dose de métro, n’a pas été retenu. C’est donc un peu en catastrophe que le Grand Paris a été remis à Maurice Leroy, nouveau ministre de la Ville et successeur de Fadela Amara. Comme son nom ne l’indique pas, le ministère de la Ville ne s’occupe pas de toutes les questions
publié le 17 novembre 2010 à 19h34
(mis à jour le 16 février 2015 à 16h03)

On l’a retrouvé en effet, mais presque par hasard. Lundi matin, on s’est aperçu en haut lieu qu’il n’avait été attribué à personne. Ballot. Le choix assez logique qui aurait consisté à confier à l’Equipement ce dossier à haute dose de métro, n’a pas été retenu. C’est donc un peu en catastrophe que le Grand Paris a été remis à Maurice Leroy, nouveau ministre de la Ville et successeur de Fadela Amara.

Comme son nom ne l'indique pas, le ministère de la Ville ne s'occupe pas de toutes les questions urbaines. Sa zone d'activité, ce sont les quartiers dits «sensibles». Il n'a presque pas d'administration et distribue des financements qui complètent les fonds alloués à diverses actions. Le plan Espoir banlieue de Fadela Amara, précédente titulaire du poste, fonctionne comme cela.

Quel rapport avec le montage d’un projet de transport qui coûtera 20 à 30 milliards selon les solutions, qui comporte douze pôles de développement majeur et qui est sensé doper la croissance de la première région économique de France? Pas grand chose. Le Grand Paris, en principe, ne se joue pas à la même échelle. Les problèmes des zones urbaines sensibles en sont seulement une composante.

Ce qui a été privilégié là est surtout le choix de garnir un peu mieux le panier d’un ministre centriste. Ancien communiste, Maurice Leroy a effectué une parcours d’ouverture avant l’heure, travaillant avec Charles Pasqua dans les Hauts-de-Seine, puis se retrouvant membre du Nouveau centre. A l’Elysée, Claude Guéant aurait assuré à Jean-Paul Huchon, président (PS) de la région, que ce critère politique aurait primé.

«Ce remaniement, commente un proche du dossier, a vraiment montré que la question du grand Paris, tout le monde s'en fout. Il est sous le dessous de la pile maintenant. Franchement, l'avoir oublié après toutes ces simagrées et après que Sarkozy a reçu les architectes mercredi...». Il est vrai que les grandes ambitions de Nicolas Sarkozy, qui auraient pu faire de lui «le baron Haussmann du XXIème siècle», comme avait dit Henri Guaino, semblent se ratatiner.

Et l'amélioration des transports pour les Franciliens, là-dedans, va-t-elle rétrécir aussi? Eh bien, pas forcément. Claude Guéant aurait ainsi dit à Jean-Paul Huchon tout le bien qu'il pensait de la tentative de synthèse entre Arc Express et le métro Grand Paris qu'il a présentée lundi.

On verra aussi demain ce que les architectes de l’Atelier international du Grand Paris proposent. Ces trois ans de pataquès auront au moins eu une qualité: entériner une bonne fois pour toutes que le réseau actuel des transports en Ile-de-France est au bord de la saturation et qu’il est indispensable de passer un autre cap important, quarante après la création du RER. Si l’on doit quelque chose à Christian Blanc, c’est d’avoir mis cette évidence sur la table.

Reste le financement. Nicolas Sarkozy aurait assuré aux architectes qu’il recevait mercredi, que la dotation en capital de 4 milliards d’euros de la Société du Grand Paris, sera inscrite dans la loi de finances rectificative 2010. Elle devrait être discutée le 24 novembre.