Cela ne va pas de soi de faire le journaliste quand on est philosophe. Nul besoin de rappeler que l’histoire même de la philosophie est marquée par cette volonté de dépasser l’opinion, voire de se forger contre elle ; ah, ces fameux paradoxes.
La salle de rédaction, 10 heures du matin, du monde et des cafés circulent : d'entrée de jeu, les événements se bousculent pour poser leur candidature. C'est sans compter avec les philosophes. Wikileaks, pourtant déjà traité, et Sarkozy sur lequel il n'y a rien à dire. Le non-événement, voilà un événement. La transparence de Wikileaks va-t-elle affaiblir la fascination que les philosophes peuvent prêter à l'opinion, pour la théorie du complot ? Les opinions vont bon train. Quant à la dolce vita version Sarkozy, on aura le choix entre jaser sur les questions techniques de savoir si c'est plaisir ou jouissance, enfer ou paradis, Fellini ou Berlusconi. Basta cosi, «en Sicile, on dit qu'il vaut mieux commander que foutre». La dérision semble s'imposer quand on n'a pas le temps de la critique. Mais pourquoi ne pas se le donner, ce temps ? Ne sommes-nous pas philosophes ? Depuis Platon et Aristote, on distingue diriger et gouverner. On en oublierait la Côte-d'Ivoire.
Chacun repart avec son sujet, qui la cuisine, qui les livres et la culture, qui le Taser, qui l'interview de la ministre de l'Economie, qui le penthotal et qui les recteurs des universités soutenant en Italie les manifestations d'étudiants. Nous passons