La question prioritaire de constitutionnalité (QPC), soulevée par les avocats du président socialiste de la région Ile-de-France, Jean-Paul Huchon, vient d'entraîner le Conseil d'Etat à lui accorder un délai jusqu'en janvier. L'annulation éventuelle de son élection, réclamée la semaine dernière par le rapporteur public, se trouve de fait suspendue car la QPC rend nécessaire «la réouverture de l'instruction», a annoncé le Conseil d'Etat.
Dans un communiqué où il «prend acte» de cette décision, Jean-Paul Huchon fait savoir que «dans l'attente de la décision définitive du Conseil d'Etat, il entend se consacrer pleinement aux grands dossiers du conseil régional».
Cela tombe bien car côté Grand Paris, les choses s’accélèrent. Hier soir encore, le président de la région participait à une réunion chez Maurice Leroy, le nouveau ministre de la Ville qui a hérité du dossier, en compagnie de Guillaume Pépy, le président de la SNCF et de Pierre Mongin, celui de la RATP. Le ministre aurait fait savoir à ses interlocuteurs qu’il était mandaté tant par l’Elysée que par Matignon pour faire avancer ce dossier.
Il va avoir du travail: entre les deux débats publics parallèles sur les deux projets de transport concurrents (du gouvernement et de la région), la montée des protestations sur l’état du réseau actuel, et l’incompréhension du public sur ce Grand Paris qui promet des lendemains qui chantent pour 2025, Maurice Leroy devra faire preuve de beaucoup d’habileté.
Preuve de sa bonne volonté, il aurait, assure-t-on à la région, admis que les financements prévus dans la loi de finances rectificative 2010, n'étaient pas suffisants. «Nous allons travailler à de nouveaux amendements avec Gilles Carrez», dit-on à la région. Rapporteur du budget à l'Assemblée nationale, Gilles Carrez (UMP) est l'auteur du seul rapport qui ait étudié les besoins de financement pour améliorer les transports du Grand Paris. Ce travail, qui étalait dans le temps les investissements nécessaires pour réaliser la double boucle de métro automatique, avait ulcéré en son temps l'ex-secrétaire d'Etat au développement de la région capitale, Christian Blanc, qui voulait aller vite.
Aujourd'hui, ce texte est salué par tous les acteurs, Huchon compris. Et pour preuve qu'il est toujours sur le pont, le président de la région a écrit dès hier soir à François Fillon pour lui demander «une convention financière» pour la modernisation des RER. Concrètement, cela «sécurise et pluriannualise» les financements pour les lignes B, C et D, explique-t-on à la région. Et dans son courrier, Jean-Paul Huchon réclame clairement «le doublement du tunnel Châtelet-Gare du Nord et la réalisation de deux voies supplémentaires entre Juvisy et Paris».
Pile ce qu'ont demandé les «députés de la ligne D» pas plus tard qu'avant-hier, auxquels Huchon fait allusion en évoquant «les vives protestations de plusieurs élus». Et ce dont rêve, par ailleurs la SNCF à juste titre, car la saturation menace l'actuel tuyau entre Châtelet et Gare du Nord.