Les supérettes des groupes Casino et Carrefour se multiplient comme des petits pains dans Paris, et leur prolifération inquiète les élus parisiens. Telle l'herbe envahissante qui décime les plantes faibles, la progression des ces petites surfaces alimentaires «fragilise le tissu commercial local parisien, les commerçants indépendants ne pouvant répondre à la concurrence des grandes enseignes», écrit la Ville dans un communiqué.
Pour affirmer ce rôle néfaste, la municipalité parisienne se fonde sur un avis que l’Autorité de la concurrence a rendu le 7 décembre dernier. Au détour d’un paragraphe consacré à Paris, l’institution notait la position dominante des deux groupes. Mais dans quelle proportion?
Depuis la loi de modernisation de l'économie, les autorisations d'installation sont passées de 300 à 1000 mètres carrés. Autant dire que la totalité des supérettes n'ont d'autorisation à demander à personne. «Du coup, plus personne n'a d'instrument de mesure», explique Lyne Cohen-Solal, l'adjointe parisienne au commerce. «Cette loi ultralibérale devait faire baisser les prix en réduisant les marges arrière. En échange, les enseignes avaient plus de liberté pour s'implanter.» Résultat:«Elles se livrent une guerre entre elles pour tenir le territoire». Comme ces groupes sont capables de payer des loyers élevés, les commerçants indépendants ne peuvent pas suivre.
Faute d'instruments de mesure, la ville de Paris a demandé une étude à l'Apur (Atelier parisien d'urbanisme). Le seul groupe Casino (17 enseignes dont Monoprix, Franprix ou Leader Price), représente 60% de part de marché de la grande distribution parisienne. Encore l'Apur ne mesure-t-il que les mètres carrés de surface commerciale.
Demain donc, le Conseil de Paris saisira officiellement l'autorité de la concurrence pour lui demander «un zoom sur Paris», selon l'expression de l'adjointe. Est-ce utile? «Nous n'avons rien d'autre comme outils», admet l'élue. Mais côté image de marque, avoir l'air d'un gros qui mange les petits n'est peut-être pas très porteur pour ce groupes de distribution.