Après des mois d'affrontement, un accord a donc été trouvé entre l'Etat, représenté par le ministre de la Ville Maurice Leroy, et la région, en la personne de son président socialiste Jean-Paul Huchon.
Formalisé à l’issue du conseil des ministres du 26 janvier, ce texte détaille comment opérer une fusion entre le projet de métro Grand Paris du gouvernement, et le système Arc Express de la région. En commençant par fondre les mots: l’hybride s’appelle Grand Paris Express, pour ne fâcher personne. 32 milliards seront consacrés à une remise à niveau du réseau existant et à la création d’un métro automatique de rocade.
Lorsque l'on reprend les communiqués des uns et des autres, publiés le jour même et le lendemain, on est frappé par la cascade de satisfaction qui s'est déversé sur cet «accord historique», dixit le ministre.
On se«félicite » en Essonne de cette «excellente nouvelle» (communiqué de Michel Berson, président du conseil général). Gilbert Roger, vice-président du conseil général de Seine-Saint-Denis, maire de Bondy, y voit «une grande victoire pour Bondy», avec «la création de deux stations du supermétro» dans cette commune. Claude Bartolone, à propos du département qu'il préside, titre lui aussi son communiqué: «Une victoire pour la Seine-Saint-Denis». Valérie Pécresse, présidente du groupe majorité présidentielle au conseil régional, cite une «vraie révolution». Et partout, on croule sous les superlatifs: «Les gagnants et les gagnants», «une étape historique», etc.
Mais dans ce concert, on entend des discordances. Il y a quelques prudents, comme Annick Lepetit, adjointe aux transports à la mairie de Paris, qui voit «un premier pas de franchi» mais se dit «très vigilante pour que les financements soient bien au rendez-vous».
Et aussi des mécontents. Dans le texte de l'accord, chacun a scruté la liste des gares et certains n'y trouvent pas leur compte. Les élus de la Plaine Saint-Denis protestent contre le fait que la station de La Courneuve ne soit «qu'optionnelle». Il leur semble «inconcevable» que la Plaine ne soit pas «desservie par Arc Express». En Essonne, Thierry Mandon, président délégué et numéro deux du département, est moins enthousiaste que le président Berson: «Dans dix ou quinze ans, écrit-il, on circulera beaucoup mieux en première couronne de la région Ile-de-France. Mais les habitants de la grande couronne, et parmi eux, les Essonniens, devront se contenter de RER sous-réhabilités».
Enfin, telle la fée Carabosse venant gâcher la fête, les écologistes du conseil régional d'Ile-de-France ont dénoncé, le jour même de l'accord, «une opération de communication gouvernementale faite de promesses sans lendemains». Le communiqué du groupe Europe Ecologie-Les Verts, estime que «le contenu de l'accord est de la poudre aux yeux», qu'il n'a «rien d'historique» et que «c'est toujours le projet du Grand Paris de Nicolas Sarkozy».
Le lendemain, les élus EELV refusaient de siéger à la commission permanente. Non sans avoir exprimé leur pensée avant de partir. «Je m'adresse ici à mes collègues élus de la majorité, a dit Cécile Duflot, présidente du groupe EELV, et je sais que je ne suis pas la seule à avoir ces interrogations». Elle a réclamé une réunion «de l'ensemble des élus régionaux de la majorité». Et, pour qu'on la comprenne bien, elle a précisé: «Afin d'avoir un échange politique sur les conditions d'exercice de notre mandat et de la poursuite de la majorité».
Une menace pour Jean-Paul Huchon?