Qu’y a-t-il de commun entre un avocat, un notaire, un boucher, un pharmacien, un ingénieur, un
chauffeur de taxi, un architecte ou un comptable ? Tous appartiennent aux 150 métiers dont l’accès et/ou l’exercice sont protégés en Grèce. Ce bon temps du corporatisme et des politiques clientélistes touche à sa fin : le gouvernement de Georges Papandréou, contraint par l’Union européenne et le Fonds monétaire international, s’apprête à ouvrir à la concurrence deux douzaines de ces professions.

Pharmaciens et avocats ont entamé des mouvements de grève. Mais il y a peu de chances que le gouvernement cède, l’aide étant conditionnée à l’application d’un programme de réformes sans équivalent en Europe, négocié le 1er mai 2010 afin d’ouvrir l’économie et lui redonner des marges de croissance. Papandréou veut suivre une «ligne dure», comme il l’a fait en libéralisant le transport routier, l’une des raisons principales des prix élevés dans le pays. Ainsi, les 40 000 avocats n’auront bientôt plus le droit d’appliquer un tarif minimum et seront autorisés à plaider sur tout le territoire et non plus seulement dans le ressort de leur barreau. Et les 10 000 pharmaciens (une officine pour 1 000 habitants), dont les Grecs ne supportent plus les horaires fantaisistes, vont peut-être découvrir ce qu’est un secteur privé non protégé.

Les signes d’exaspération montent, comme l’atteste l’abstention élevée lors des municipales de
novembre ou le tabassage lors d’une manif d’un ex-ministre de droite, Costas Hatzidakis.

Bref, de l’avis d’un observateur, «ça peut tenir à condition qu’en tapant sur les plus riches, le gouvernement ne néglige pas la justice sociale».
Photos: Reuters
N.B.: cet article est paru ce matin dans Liberation ce matin.