Les quatre mois du débat public sur les transports d'Ile-de-France se sont achevés hier soir dans une ultime réunion publique devant une salle bourrée à craquer au palais des congrès à Paris. «On pourrait dire: que de chemin parcouru depuis quatre mois...», a philosophé à la tribune Jean-Paul Huchon, le président socialiste de la région. On pourrait le dire en effet, tant cet exercice géant de démocratie appliquée a recélé, finalement, bien des surprises.
En rang d’oignons face au public, Huchon, président du Syndicat des transports d’Ile-de-France avec ses troupes, André Santini, président de la Société du Grand Paris, avec les siennes. Plus les membres des commissions du débat public et, en guest star, le préfet de région Daniel Canepa. Chacun est venu pour exposer ce qu’il avait retenu des interventions des citoyens.
Le premier enseignement, c’est l’intérêt qu’ils y ont porté. Les 68 réunions ont attiré 20 000 personnes qui ont à chaque fois sacrifié une soirée. 256
ont été déposé par des collectivités, des associations, des entreprises, qui se sont donné la peine de rédiger en quatre pages leur avis sur les projets présentés.
Le panel est large: de très gros intervenants comme Renault (à Guyancourt), Danone (à Palaiseau), Eurodisney (à Marne-la-Vallée), le pôle audiovisuel du Nord parisien, La Poste, la Caisse des dépôts, Veolia, Aéroports de Paris, Michelin (qui défend le métro à pneus)... Mais aussi des petits poucets comme cette association des Castors du jardin parisien (à L'Hay-les-Roses), ou cette autre pour la sauvegarde des étangs de la Minière (à Guyancourt). La ville d'Orléans a déposé un cahier d'acteur. Ou encore les Neuf de Transilie, un regroupement de neuf musées de la région.Ceux qui veulent voir cette floraison en détails la trouveront sur le site de la Commission nationale du débat public.
Après avoir salué «ce débat qui ne peut être comparé à aucun autre», dixit l'un des présidents de commission, tous les participants ont exprimé ce qu'ils ont entendu. Et pour tous, en gros, la même chose, qu'a résumée le préfet Canepa: «Le souci d'améliorer l'existant et de préparer l'avenir». En gros: réparer les RER et créer une rocade. «Cette démarche a été entendue, a ajouté le préfet, solennel. L'Etat et les collectivités locales se sont mis autour de la table pour trouver un accord». Et de rappeler qu'il s'agissait d'une dépense de 32,4 milliards d'euros, dont 22 pour la rocade, le tout pour la période de 2010 à 2025.
On peut néanmoins toujours se souvenir que le budget est un exercice annuel. Jean-Vincent Placé, le vice-président (Europe écologie -Les Verts) de la région, l'a d'ailleurs souligné à sa manière, en se disant «inquiet» sur la destination des financements. L'élu pense qu'ils pourraient concerner davantage la rocade que le plan de mobilisation. «Si la loi de finances 2012 me montre le contraire, je serai rassuré».
Hier soir, malgré les envolées lyriques de certains sur «l'accord historique», tout le monde acta qu'il y avait un problème sur la desserte de Saclay. Jean-Paul Huchon admit qu'il y avait encore des financements à améliorer (sur la TIPP Grenelle, le versement transport) et qu'il faudrait bien «trouver les moyens d'un partage de la gouvernance entre le Stif et la SGP».
Le préfet de son côté, reconnut que le coût d'exploitation assuré par le Stif allait croître de 650 millions lors de la mise en service des projets du plan de mobilisation. Et d'un milliard quand la rocade serait là. Il précisa qu'il faudrait compléter les ressources du Stif en suivant les recommandations du rapport Carrez. Mais sans plus entrer dans les détails.
Bref, même si «les grands projets sont comme des lianes grimpantes» qui «ne forcent leur chemin vers les sommets que s'ils vivent au grand jour» - forte phrase d'André Santini pour clore son discours - tout n'est pas gagné.