Pas de méprise: sous le sobriquet de «zinzins», on désigne à Paris les «investisseurs institutionnels», entreprises, fonds ou autres qui placent leur argent dans l'immobilier. Pendant les années 1990, on entendit beaucoup parler d'eux au moment des ventes dites «à la découpe», ces cessions d'immeubles entiers par appartements. Bien souvent, les locataires en place ne pouvaient pas acheter leur appartement au prix demandé et devaient quitter dans les pleurs ces lieux qui avaient abrité une vie. Le moins que l'on puisse dire, c'est que les zinzins n'avaient pas une image trop positive.
Aujourd'hui, la Ville de Paris leur propose un occasion de se refaire une conduite. Ces acteurs immobiliers possédaient «60 000 logements, explique Jean-Yves Mano, l'adjoint au logement. Ce patrimoine a été largement arbitré (vendu, ndlr), il n'en reste pas». Et c'est bien dommage car les loyers que pratiquaient ces investisseurs étaient souvent avantageux. Résultat de c ette disparition: «Entre le social et le privé, constate Mano, il y a un trou».
D'où l'idée de faire revenir les zinzins vers l'immobilier avec une carotte. Dans les programmes d'aménagement de la capitale, la Ville leur vend le terrain avec une ristourne moyenne de 1200 euros le mètre carré, «ce qui n'est pas rien», souligne Jean-Yves Mano. En contrepartie, les investisseurs s'engagent à des loyers 20% moins chers que le marché, cela sur une période de vingt ans. A l'issue de cette période, si l'investisseur revend l'immeuble, un mécanisme de récupération d'une partie de la plus value remboursera à la Ville l'effort consenti.
Des opérations de ce type sont déjà en route dans la ZAC Claude Bernard, sur le site des entrepôts Macdonald, aux Batignolles. La SNI (Société nationale immobilière), une caisse de retraite de chirugiens-dentistes, font partie des premiers investisseurs sur les rangs. Pour Jean-Yves Mano, ce type de démarche pourrait très bien intéresser des fonds d'épargne des salariés. «Aujourd'hui, ils sont investis en actions ou en obligations. Pourquoi pas dans l'immobilier à long terme?» On peut aussi, ajoute-t-il «créer un fonds commun de placement avec défiscalisation pour ce type de produit». Ce serait de la «défiscalisation utile».
La recette a ses limites : la ville en attend «2000 logements sur 7 ou 8 ans». Mais à Paris, dit Jean-Yves Mano, «il n'y a pas de solution miracle en matière de logement. Il faut tout mettre bout à bout».
Quant à l'attribution, la ville ne veut absolument pas s'en mêler. «Il est hors de question de reconstituer un domaine privé de la Ville de Paris», affirme Jean-Yves Mano, en évoquant ces appartements à loyer préférentiel et statut indéterminé qui ont logé tant d'amis de la Chiraquie. Les candidats à ces appartements poseront leur candidature comme dans la vie normale. Aux zinzins de jouer le jeu pour loger de préférence la classe moyenne.