Le 6 janvier dernier, Claude Bartolone, président (PS) du conseil général de Seine-Saint-Denis, obtenait à l'arrache du ministre de la Ville Maurice Leroy, la création de deux lignes de transport collectif dans son département.
La première est la branche de métro automatique souterrain qui passe le plus à l’est. Elle doit desservir en particulier Clichy-sous-Bois et Montfermeil, les grands oubliés des dessertes depuis trente ans.Ce tracé figurait d’emblée dans les premiers plans de Christian Blanc, l’ex-secrétaire d’Etat au Développement de la région capital et ne fait pas débat.
La deuxième ligne est celle qui pose problème. Il s’agit là de traverser le département du nord au sud, en passant en gros par le milieu. Mais en passant par où? Pascal Auzannet, ancien de la RATP, a été chargé par Maurice Leroy de la mission délicate de trouver une solution qui convienne à tout le monde. Et qui entre dans une enveloppe de deux milliards d’euros.
Auzannet est aujourd'hui face à deux solutions. A sa demande, l'Atelier international du Grand Paris a affiné une proposition sur la base de ce que les dix équipes d'architectes avaient déjà présenté en novembre (à gauche). Par ailleurs, le conseil général de Seine-Saint-Denis a élaboré son propre tracé (à droite). On peut voir ces deux schémas dans les cartes ci- dessous, qui seront présentées le 15 avril (cliquez pour agrandir):
Au nord, entre Pleyel et Le Bourget, le conseil général prévoit deux branches que l'AIGP fusionne en une seule. «C'est une variante qui utilise les faisceaux de voies existants», explique Bertrand Lemoine, le directeur général de l'AIGP.
Au sud, l’AIGP garde l’arc sud qui va de Champigny à Villejuif, comme le fait le département. Mais les architectes de l’Atelier rajoutent une autre branche, plus au sud, qui permet d’aller à Orly en passant par Sucy-Bonneuil, Valenton et Villeneuve..Ce rajout est possible grâce à une vieille réserve de terrain qui avait été prévue pour une éventuelle route. La route ne se fera pas, l’emprise peut être récupérée.
Fidèles à leur philosophie, les membres de l'AIGP veulent passer en aérien «dès que c'est possible», dit Lemoine. Le conseil général de Seine-Saint-Denis, lui, miserait plutôt sur un métro souterrain.
La solution AIGP «fait économiser un milliard d'euros, par rapport aux 3,4 milliards de la solution du département», dit Bertrand Lemoine. Elle reviendrait quand même à 2,2 milliards.
Bref, personne ne rentre pour l'instant dans l'enveloppe de 2 milliards fixée à Pascal Auzannet. Il fait la tournée des élus et note que «c'est passionnant, mais pas simple». C'est en effet le moment ou jamais de demander des gares si on veut espérer les avoir. Les élus de Plaine Commune convoquent d'ailleurs la presse vendredi matin pour faire part de leurs «inquiétudes».
De fait, un tracé exact doit être arrêté le 31 mai. La date correspond aux délais prévus par la loi Grand Paris, soit deux mois après la remise du rapport de la Commission nationale du débat public. Pour la Seine-Saint-Denis, qui démarre si tard, c’est serré.
Le Val-de-Marne voisin, où les élus de tous bords ont peaufiné leur projet pendant plusieurs années, touche maintenant le bénéfice de cette vision à long terme: le parcours qu'ils préconisent a été repris tel quel. «Ils ont fait le travail le plus difficile, avec la localisation des gares», commente Pascal Auzannet. Dans cette opiniâtreté, il voit «de la belle politique».