
Il faut dire que la réaction de la chancelière est hallucinante : l’accident japonais ne s’est pas produit parce que la sécurité de la centrale n’était pas assurée, comme à Tchernobyl, mais à cause de l’un des tremblements de terre les plus violents de l’histoire (9 sur l’échelle de Richter qui compte 9 degrés) suivi d’un tsunami. Or, aux dernières nouvelles, les activités sismiques sont pour le moins limitées en Allemagne (et en Europe), sans parler du risque de tsunami sur la Baltique… Ce qui ne veut pas dire que le débat sur le nucléaire ne doit pas avoir lieu, notamment en France où cette énergie a été imposée sans aucun débat démocratique et où elle n’est pas payée par les utilisateurs à son juste prix (le coût des déchets n’est pas intégré dans le prix), mais qu’il faut raison garder. Sortir du nucléaire prendra du temps et cela doit se faire de façon ordonnée et en s’assurant qu’il y a des énergies de remplacement, ce qui n’est pas encore le cas. La chancelière, consciente d’avoir gaffé, vient de faire marche arrière en expliquant devant le Bundestage qu’il n’était pas question de fermer immédiatement les centrales allemandes: «nous ne pouvons pas nous passer pour le moment» de l’énergie nucléaire...
Il faut aussi rappeler, pour apprécier l’ironie de la situation, que Merkel est l’un des chefs de gouvernement européen qui a le plus combattu des normes environnementales trop contraignantes pour son industrie, automobile en particulier, au point qu’elle en veut encore à José Manuel Durao Barroso, le président de la Commission, promoteur du paquet «climat». Il est vrai que le réchauffement climatique produira ses effets bien après les prochaines échéances électorales…
Angela Merkel fait une nouvelle fois la démonstration qu’elle gouverne au doigt mouillé, en fonction des états d’âme de son opinion publique. Voilà qui est rassurant pour l’avenir.