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Blog «Grand Paris et petits détours»

Questions et complications autour de Roissy Charles-de-Gaulle

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Ce matin, c’était visite de chantier en gare de Mitry-Claye (Seine-et-Marne) pour Jean-Paul Huchon. Réseau ferré de France (RFF) invitait le président de la région Ile-de-France à voir l’avancée des travaux de la partie nord du RER B, entre Aulnay-sous-Bois et les deux terminus de Mitry-Claye et de Roissy Charles-de-Gaulle. L’opération s’appelle RER B+. Elle s’appuie sur trois modifications majeures: 1/ Consacrer deux voies dédiées au trafic RER sur les quatre que comporte le faisceau. Actuellem
publié le 4 mai 2011 à 19h32
(mis à jour le 16 février 2015 à 16h03)

Ce matin, c’était visite de chantier en gare de Mitry-Claye (Seine-et-Marne) pour Jean-Paul Huchon. Réseau ferré de France (RFF) invitait le président de la région Ile-de-France à voir l’avancée des travaux de la partie nord du RER B, entre Aulnay-sous-Bois et les deux terminus de Mitry-Claye et de Roissy Charles-de-Gaulle.

L’opération s’appelle RER B+. Elle s’appuie sur trois modifications majeures:

1/ Consacrer deux voies dédiées au trafic RER sur les quatre que comporte le faisceau. Actuellement, les rames de RER slaloment d’une voie à l’autre en fonction des autres trains présents sur le trajet.Là, chacun chez soi et moins de perturbations.

2/ Rehausser les quais de 50 centimètres. La montée et la descente se font plus vite, sans escalade et les voitures sont accessibles aux personnes à mobilité réduite.

3/ Faire du RER B nord un omnibus. Arrêter avec les trains qui vont ici et pas là, sont «sans arrêt jusqu'à...», et portent d'incompréhensibles noms en  quatre lettres. Actuellement, à l'heure de pointe, les vingt trains qui circulent assurent cinq «services» différents. Dans le futur système, il y aura un train toutes les trois minutes jusqu'à Aulnay et un toutes les six minutes jusqu'à Roissy-Charles-de-Gaulle.

Tout cela sera terminée en novembre 2012.

Les journaliste présents ont tout de suite posé la question du direct vers l’aéroport. Il n’y en aura plus qu’aux heures creuses. La version omnibus rajoutera dix minutes par rapport à un temps théorique qui n’est pas souvent respecté.

Alors, quid des passagers de l'aérien? De fait, le RER B+ est d'abord destiné à améliorer la vie des populations desservies. Yves Albarello, député (UMP) de Seine-et-Marne, a résumé le problème: «Il faut deux réseaux. Un pour les voyageurs et un pour la desserte de l'aéroport».

Guillaume Pépy, le président de la SNCF, qui a débarqué dans la visite à mi-parcours, en a rajouté dans le même sens: «Dans toutes les grandes capitales, il y a un transport ferroviaire direct entre l'aéroport et la ville.» Et d'évoquer le projet «sur fonds privés et sans investissement public» de CDG-Express. «Je souhaite une décision dans les mois qui viennent», a-t-il ajouté.

Le problème, c'est que Vinci, seul candidat en lice pour réaliser CDG Express, ne se presse pas pour se lancer. Les projets du Grand Paris ont ébranlé son modèle économique. «Si on prolonge la ligne 14, a dit le député Albarello, cela va capter une partie de la clientèle».

La semaine dernière, justement, Pierre Mongin, président de la RATP organisait une journée de forum pour mettre en avant ce prolongement de la ligne 14 jusqu'à Roissy. Bien que dans le protocole Etat-région signé le 26 janvier, la ligne n'aille que jusqu'au carrefour Pleyel.

Pierre Mongin est à peu près le seul décideur à défendre l'option de la ligne 14 prolongée. Jean-Paul Huchon  a raconté ce matin qu'il était allé  «mettre les pieds dans le plat au colloque de M. Mongin. J'ai  cru comprendre que ce courage était apprécié dans une salle entièrement acquise» à la thèse du président de la RATP, s'est-il vanté.

Si la ligne 14 n’est pas prolongée, il est probable que le tronçon Pleyel-Roissy sera en voie ferrée. Cela permettrait d’accueillir par la suite les TGV Normandie passant par La Défense  avant de se raccorder au réseau européen. Un prolongement de la 14 (sur pneus) bloquerait cette évolution.

Francis Rol-Tanguy, directeur de l’Atelier parisien d’urbanisme, avait déjà souligné dans une étude les risques de saturation  du tronçon central de la 14 si on la prolongeait trop. Il insiste aujourd’hui sur la mutualisation possible des voies que l’on va créer. Comment éviter de prévoir des «tuyaux» les uns à côté des autres, dont on n’est jamais certain d’avoir les financements et qui deviennent de plus en plus hypothétiques au fil des années?

Il faut dit-il, privilégier les choix «qui n'insultent pas l'avenir. On construit pour un siècle et pour ça, il faut adopter un gabarit ferroviaire. Nos anciens, quand ils ont fait le RER A, ils l'ont fait au gabarit du train, pas du métro...» Il est vrai que même si ça sature un peu, ça tient toujours.