
Aucune avancée décisive n’a été enregistrée au cours de ce sommet, les Vingt-sept se contentant de confirmer les accords intervenus ces derniers jours, notamment sur la réforme du Fonds européen de stabilité financière (FESF), qui pourra emprunter effectivement 440 milliards d’euros sur les marchés et acheter directement des obligations d’État sur le marché primaire, et la mise en place du futur Mécanisme européen de stabilité (MES) doté de 500 milliards d’euros. Ils ont surtout affiché leur détermination à stabiliser la zone euro : « Les chefs d’État ou de gouvernement des États membres de la zone euro réaffirment qu’ils sont déterminés à mettre tout en oeuvre pour garantir la stabilité financière de la zone euro dans son ensemble », proclament ainsi les conclusions.
Sans aller jusqu’à se délivrer un « satisfecit », Nicolas Sarkozy s’est néanmoins félicité que « l’Europe (ait) réagi avec une force et une unité dont beaucoup ne la croyait pas capable » : « A chaque fois, on a trouvé la réponse, à chaque fois on a évité la catastrophe », a-t-il assuré. « Il y a une volonté de sauver l’euro, d’assurer la solidarité de la zone euro qui est extrêmement forte » au sein du Conseil européen. Pour le chef de l’État, le bilan de dix-huit mois de crise est positif : « Deux pays sur trois ont été gérés et sont sous contrôle. » « La stabilité » de l’Irlande et du Portugal, placés sous parapluie européen, « n’a plus rien à voir avec ce qu’elle était il y a trois mois ». En fait, si la crise s’éternise, c’est à cause de la Grèce, premier pays à avoir été coulé par les marchés, il y a un an.

Mais ce chiffre est en trompe-l’œil : le FMI et la zone euro apporteront en fait bien moins cette fois-ci. En effet, Papandréou englobe dans ce chiffre les 30 milliards d’euros que rapporteront les privatisations grecques jusqu’en 2014 et les 30 à 35 milliards que le secteur privé devrait prendre à sa charge en renouvelant « volontairement » les obligations grecques qu’il détient. Le FMI n’aurait qu’à financer 20 milliards d’euros et la zone euro 35 milliards. Afin de s’assurer que les banques et les institutions financières vont bien renouveler leur exposition à la dette grecque, et non s’enfuir à toutes jambes, les autorités publiques ont entamé un travail de conviction, pour ne pas dire « pression ». Nicolas Sarkozy a reconnu que le gouvernement avait déjà eu « beaucoup de réunions de travail avec les banques et les compagnies d’assurance françaises. Par ailleurs, nous sommes au courant des réunions qui se sont tenues dans l’ensemble de la zone euro avec les mêmes intervenants dans leur pays ».
Une autre musique que celle de la seule austérité comme réponse à la crise a commencé à se faire entendre ces derniers jours : certes, il faut que la Grèce et les autres pays en difficulté redressent leurs comptes, mais il faut aussi donner aux peuples « les moyens de respirer, d’espérer », comme l’a expliqué, lundi dernier Jean-Claude Juncker, le Premier ministre du Luxembourg et président de l’Eurogroupe. En clair, il faut aider les pays en difficulté à renouer avec la croissance : « Il y a une iniquité sociale qui voudrait que les plus faibles d’entre nous payent une facture exagérée », a-t-il martelé. Un diagnostic partagé par Daniel Cohn-Bendit, le coprésident du groupe vert du Parlement européen : « On essaye de calmer les marchés, mais la politique qu’on est en train de mener ne calme pas les peuples. »

Guy Verhofstadt, le président du groupe libéral et démocrate du Parlement européen, veut aller plus loin. Il a proposé, mardi, un « plan herculéen » visant à débloquer 30 milliards d’euros au profit d’Athènes, en offrant la garantie de l’UE et de la Banque européenne d’investissement aux nouveaux investissements en Grèce, ou encore en réservant 25 % du plan de privatisation à un fonds d’investissement… Et, de son côté, Daniel Cohn-Bendit ajoute que l’Union doit « bloquer les avoirs grecs » placés à l’étranger afin d’échapper au fisc, qui représenteraient plusieurs dizaines de milliards d’euros… Mais on n’en est pas encore là.