
Le « cercle des économistes », une association qui réunit une trentaine d’économistes français de haut niveau, a lancé, hier, un appel solennel en ce sens. « La crise de la dette souveraine que traverse l’Europe nécessite une réactivité totale. Cela n’est pas le cas aujourd’hui. L’Europe s’est certes montrée très engagée, mais sa capacité à réagir n’est ni assez rapide, ni assez efficace. D’où l’exigence d’avoir une personnalité en charge et, pour cette raison, nous soutenons la proposition du président de la BCE d’un ministre des finances européen ». Le cercle des économistes plaide aussi pour la création « d’eurobonds », c’est-à-dire une dette publique de l’Eurozone. Lorenzo Bini Smaghi, membre du directoire de la BCE, a d’ailleurs appelé, vendredi, de Grèce, à l’émission d’eurobonds : « les États membres pourraient transférer leurs droits d’émission à une autorité supranationale, jusqu’à un certain point qui serait fixé par le Conseil » des ministres. « Avec un tel système, jamais la Grèce n’aurait été en mesure de cacher ses déficits ou de s’endetter autant qu’elle l’a fait en 2009 et au cours des années précédentes ».
Indépendamment de cet appel, pour la première fois de son histoire, le MEDEF s’est d’ailleurs prononcé en faveur d’une « forme de fédéralisme économique » devant l’urgence de la situation : Laurence Parisot a appelé vendredi la zone euro à avoir « une approche commune sur les budgets, sur la monnaie, sur la gestion de la dette ».
Cette idée d’un saut fédéral est largement partagée en Europe, y compris dans un pays comme la Pologne qui n’est pas dans la zone euro. Sauf en Allemagne, et c’est bien là le problème. Berlin freine des quatre fers dès qu’on lui parle de fédéralisme. C’est elle qui a ainsi exigé que le Fonds européen de stabilité financière (FESF) ne puisse être activé qu’en dernier ressort et après un vote unanime des États, ce qui retarde sa mise en œuvre et l’empêche de jouer un rôle préventif. Pis : la droite allemande veut que chaque parlement national vote chaque plan d’aide, ce qui risque de rendre largement ineffectif et le FESF et le futur Mécanisme européen de stabilité (MES). Comme l’a souligné Bini-Smaghi, « plus on reporte la prise de décision, plus il sera difficile de la faire accepter en fin de compte, car les mesures nécessaires à l’apaisement des marchés et à la restauration de la stabilité doivent être encore plus fortes ». Pour lui, la règle de l’unanimité est « clairement un défaut ».
