
Stark, 64 ans, ancien secrétaire d’Etat aux finances d’Helmut Kohl et l’un des pères du Pacte de stabilité, n’a jamais caché son opposition au programme de rachat de dette publique sur le marché secondaire (celui de la revente) mis en place par la BCE en mai 2010 pour enrayer la panique des marchés (elle détient désormais plus de 115 milliards d’obligations d’Etat). Il n’était pas le seul sur cette ligne : à l’époque, le président de la Bundesbank, Axel Weber, s’était violemment insurgé de cet abandon de l’idéologie monétariste allemande, ce qui l’a d’ailleurs conduit, en février 2011, à démissionner de son poste.
Reste que le départ de Stark peut aussi s’interpréter comme une défaite des ultra-orthodoxes : en effet, depuis cet été, le débat a totalement changé de nature outre-Rhin, les partisans d’un saut fédéral, seul réel moyen de stabiliser la zone euro, étant désormais largement majoritaires dans la classe politique allemande (voir mon article précédent). Or, cette fédéralisation passera par la création d’eurobonds, c’est-à-dire d’obligations européennes garanties par l’ensemble des Etats membre de la zone euro. La chancelière elle-même l’a admis devant les dirigeants de son parti. En clair, la zone euro deviendra une « union des transferts », une perspective que rejette les tenants d’une stricte orthodoxie monétaire et budgétaire. Bref, le départ du très rigide Stark, qui sera emplacé par le très europhile secrétaire d’Etat aux finances, Jörg Asmussen, comme vient de le proposer en marge du G7 à Marseille, Wolfgang Schäuble, le ministre des finances, n’est qu’un signe supplémentaire que la zone euro veut sortir de la crise par le haut.