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Blog «Grand Paris et petits détours»

Peut-on vraiment bâtir 70000 logements en Ile-de-France?

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Peut-on vraiment contruire 70000 logements chaque année en Ile-de-France comme la loi Grand Paris le prévoit et comme le préfet de région Daniel Canepa s’emploie à y parvenir? A cette question, les experts de l’Atelier parisien d’urbanisme  (Apur) et de l’Institut d’aménagement et d’urbanisme d’Ile-de-France (IAU), répondent clairement que  non. Ils argumentent leur conclusion dans une note qu’ils ont présentée hier après-midi à 150 élus de Paris Métropole réunis à l’Hôtel de ville de Paris, par
publié le 7 octobre 2011 à 19h27
(mis à jour le 16 février 2015 à 16h03)

Peut-on vraiment contruire 70000 logements chaque année en Ile-de-France comme la loi Grand Paris le prévoit et comme le préfet de région Daniel Canepa s'emploie à y parvenir? A cette question, les experts de l'Atelier parisien d'urbanisme  (Apur) et de l'Institut d'aménagement et d'urbanisme d'Ile-de-France (IAU), répondent clairement que  non. Ils argumentent leur conclusion dans une note qu'ils ont présentée hier après-midi à 150 élus de Paris Métropole réunis à l'Hôtel de ville de Paris, par la commission logement du syndicat mixte.

Cette petite douche froide est administrée alors que le président de la République, Nicolas Sarkozy, s'apprête à parler à nouveau du Grand Paris lundi à la Cité de l'architecture et du patrimoine, deux ans après le discours qu'il avait prononcé au même endroit pour lancer métro et loi du même nom. Apparemment, les élus de Paris Métropole n'entendent pas laisser le chef de l'Etat occuper le terrain seul. Et en particulier sur le sujet du logement, prochaine étape du Grand Paris version Elysée, le grand métro étant, si l'on ose dire, sur les rails.

Dans cette note intitulée «Quelle production de logements en Ile-de-France dans le contexte économique actuel?», les deux agences d'urbanisme notent d'abord «le constat d'un fort écart» entre la production et les objectifs.«En juin 2011, l'Etat a présenté un objectif de construction de 70 000 logements pour l'Ile-de-France et une répartition territoriale». Cette dernière prend en compte l'attractivité économique des bassins concernés et les zones des futurs contrats de développement territorial. «Les territoires desservis par le futur réseau de transport public du Grand Paris sont largement mis à contribution: ils ont les objectifs de contruction de logement les plus élevés.»

Or, aujourd'hui constate l'étude, «aucun bassin de première couronne ne construit suffisamment pour respecter les objectifs fixés par l'Etat». De 2000 à 2009, on a construit en moyenne 37 000 logements en Ile-de-France,  et pendant cette période, les mise en chantier ont baissé de 15% par rapport à la décennie précédente.

Dans cette situation morose, deux secteurs ont tenu le marché: le privé locatif et les HLM. Le premier est porté par les dispositifs de défiscalisation (en clair, on a construit surtout du Scellie élr qui représentait 63% des ventes de neuf en 2010). Le second, le social, est soutenu par les efforts des collectivités pour être dans les clous de la SRU. Qui finissent par porter: «Les objectifs en matière de part des logements sociaux dans le total des résidences principales sont atteints dans la majorité des communes du centre de l'agglomération parisienne». On en créé aussi dans celles qui sont en dessous des 20% requis par la loi. Et finalement, «les communes qui ne jouent pas le jeu sont très peu nombreuses». Résultat: «Les logements sociaux représentaient plus de 45% des mises en chantier en 2010-2011».

Même avec ces deux soutiens, on est loin des 70000. Et l'avenir s'annonce sombre, estiment les auteurs de la note. Côté logement privé, le «désengagement des investisseurs institutionnels» (partis en bourse), et «le rabotage des dispositifs fiscaux» pour les particuliers  «laissent supposer que la production de logements neufs en Ile-de-France diminuera dans les prochaines années».

Côté social, pas mieux. Le coût du foncier augmente, le renchérissement dû aux nouvelles normes est costaud, la subvention directe de l'Etat diminue, les bailleurs HLM ont été taxés et le 1% logement siphonné. Tous ces facteurs mis bout à bout, «le volume de la construction de logements neufs ne peut que baisser dans les années à venir, conclut la note. Pour être à la hauteur des besoins (...), des moyens seront nécessaires».

La commission logement Paris Métropole vient justement d’envoyer un questionnaire détaillé à 190 élus pour savoir ce que sont leurs intentions en matière de construction et surtout, leurs besoins au rayon des aides de l’Etat.