Les testicules, au nombre de deux, sont des glandes fermes et élastiques situées dans les “bourses” ou “
[ scrotum ]
”, un sac de peau plissée. Chez l’homme sexuellement mûr, un testicule pèse 25 à 30 grammes environ. Généralement le testicule gauche est plus gros et situé un peu plus bas que le testicule droit. La fonction principale du scrotum est de maintenir les testicules à une température légèrement inférieure à celle du corps (34,4
) afin de favoriser la production de spermatozoïdes.
Le processus est appelé spermatogenèse. Il dure 74 jours et ne peut se dérouler qu’à une certaine température, inférieure à celle de la cavité abdominale, raison pour laquelle les bourses s’allongent en cas de fièvre, en s’éloignant d’un abdomen devenu trop chaud, tandis que sous l’action du froid, elles se contractent et se froncent (1)… Raison aussi pour laquelle le port de pantalons trop serrés et les périodes d’examen au cours desquelles les hommes restent longtemps assis (révisions intensives) produisent des spermatozoïdes de très mauvaise qualité. Ils bougent à peine, privés de force, dans le bouillon tiède d’un sperme qui a littéralement “mariné”. Rien ne vaut le sperme d’un individu qui porte des pantalons larges et qui laisse respirer ses testicules. Au microscope, on voit la différence de façon flagrante.
En battant de leur flagelle (leur queue), les spermatozoïdes peuvent atteindre la vitesse de 3 mm à la minute, «ce qui pour eux revient à parcourir 70 fois leur propre longueur en une minute, comme un bon nageur, explique Christophe Baroni (auteur de Mieux que la pilule). Le fleuve où ils se déplacent, c'est le liquide spermatique.» La durée de vie d'un spermatozoïde dépend beaucoup du milieu et de la température. Le milieu acide le paralyse. «Selon Belonosckin, les spermatozoïdes ne restent mobiles que 45 à 60 minutes dans le vagin (qui est acide). Mais dans l'utérus, faiblement alcalin, on pense qu'ils restent mobiles 25 à 40 heures. Ils peuvent vivre 2 à 3 jours dans les voies génitales de la femme, en moyenne. On a signalé des spermatozoïdes encore mobiles dans les organes génitaux féminins deux semaines après le dernier rapport sexuel, mais on ignore si ces spermatozoïdes auraient encore pu féconder.» La même question se pose pour les spermatozoïdes encore mobiles découverts dans des cadavres d'hommes morts depuis trois jours: seraient-ils capables d'avoir des enfants post-mortem?
Les premières éjaculations de sperme ont lieu vers 13 ans et demi, 14 ans. Mais c’est vers 14-15 ans en moyenne que le sperme commence à devenir fécond. Son pouvoir de fécondation reste d’ailleurs assez faible à cet âge. L’homme reste fécond à un âge avancé. Selon Sigmund Exner (1846-1926), 68,5% des hommes ont encore des spermatozoïdes entre 61 et 70 ans. 48% entre 81 et 90 ans. La spermatogenèse peut être bloquée par un grand stress ou une forte frayeur. On rapporte le cas d’un jeune homme qui, en 1968, avait arrêté d’être fécond suite à une tentative de suicide.
Le sperme, substance blanchâtre et gluante, est constitué d’eau (entre 80 et 90%), mélangée à des substances organiques, du fructose, des protéines, des sels, des acides aminés (23 ?) et de nombreux enzymes (le tout pour une valeur moyenne de 5 calories). Ce liquide est sécrété par la prostate, les vésicules séminales, les épididymes, les ampoules des canaux déférents, les glandes de Cowper et les glandes de Littre. Il y aurait en moyenne 60 à 200 millions de spermatozoïdes par centimètre cube de liquide spermatique. Peu importe le nombre de spermatozoïdes, d’ailleurs. Qu’il y en ait ou pas, l’homme continue d’éjaculer la même quantité de sperme, avec le même bonheur. Un homme stérile n’est nullement impuissant. Car sa puissance sexuelle et sa libido sont liées non pas à la production de spermatozoïdes, mais à celle de testostérone.
L'homme mûr élabore chaque jour 2,5 à 10 milligrammes de testostérone, une hormone liée au désir sexuel. Le fait d'être stérile n'entrave pas la production de testostérone. Même stérile, l'homme continue également de produire du liquide spermatique qu'il expulse sous l'effet du "reflexe éjaculatoire", par contractions successives. L'intervalle entre les contractions est de 0,8 seconde. Les trois ou quatre premières sont les plus violentes. Ensuite la force d'expulsion diminue et le rythme des contractions ralentit. Nombre moyen de giclées: entre 3 et 10. Vitesse d'expulsion: 40 km/h. Selon les individus, la quantité de sperme expulsé varie considérablement. Plus la personne est restée abstinente, plus les réserves de sperme sont importantes. «Après une abstinence de trois à cinq jours, 3 à 3,5 centimètres cube de sperme sont expulsés en moyenne, selon K.A. Rosenbauer, qui estime cependant qu'entre 1 et 6 cm cubes, il s'agit encore de quantités normales. Il tient pour "sans doute pathologiques" des quantités supérieures (7 à 10 cm cubes)» (Baroni, Mieux que la pilule).
L’homme éjacule en moyenne 500 millions de spermatozoïdes par orgasme. On peut évaluer entre 20 et 50 litres la quantité totale de sperme éjaculé par un homme au cours de sa vie, suivant son comportement sexuel.
Voilà pour la théorie. Et maintenant pour la poésie: il existe en France un éditeur, Stéphane Blanquet, qui édite, dans le plus beau papier, des livres à des prix extrêmement bas, remplis d'images qu'il s'électionne pour leur beauté perturbante et pour leur originalité. «Des univers forts, puissants, rares, peu vus, sexuels, sexuellement graphiques, explique-t-il. La charge du corps est principale. Je cherche en permanence, c'est un jeu. Chercher, trouver, publier, diffuser. Montrer à tous. Du caviar pour tous.» Il publie les dessins et les oeuvres d'artistes contemporains dans des revues appelées "Tendon revolver" (5 euros) ou "La tranchée racine" (3 euros). Au milieu des images, on trouve parfois des poèmes inédits de Marie-Laure Dagoit, comme celui-ci, si beau, qui parle de ces "toisons d'épine" qui entourent les belles queues des hommes.
Ce poème, publié dans le second Tendon Revolver, s'intitule «Quelque chose dans mon cul» et parle du foutre «doux comme le lait et le miel» qui exerce, lorsqu'on le respire, un «charme inexplicable»… Au Japon, on dit que le sperme a l'odeur des feuilles de marronnier. Mais peut-être chaque homme a-t-il un sperme d'une odeur différente ? «Je crois que quelqu'un a mis quelque chose dans mon cul Un manche lourd encombre ma raie Régulier/mécanique comme forcé D'en haut/on voit sur les ventres immobiles Le foutre plat et lumineux s'étaler par endroits Comme des sables mouvants sous mes pieds»
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A LIRE : Le Tendon revolver et les autres publications de Stéphane Blanquet (United Dead Artists) sont en vente sur internet et, à Paris, à la librairie Un Regard Moderne : 10 rue Gît le coeur, 75006 Paris.
ILLUSTRATION : Photo de Gilles Berquet, en couverture du Tendon revolver N°2.