
Si référendum il y a en Grèce, il portera sur l’appartenance ou non du pays à l’euro et donc à l’Union européenne, les deux étant liés, et non sur le plan de sauvetage européen adopté jeudi dernier, plan qui n’est pas « négociable » et dont l’application sera « accélérée ». À la veille du G20 de Cannes, la zone euro a clairement dit à Georges Papandréou, le premier ministre grec, qu’elle ne se laisserait pas prendre en otage par des problèmes de politique intérieure grecque. Libre à lui de consulter son peuple, mais il devra en tirer les conséquences. En attendant, ni les pays de la zone euro, ni le Fonds monétaire international (FMI) ne verseront la sixième tranche d’aide d’un montant de 8 milliards, ce qui va pousser le pays au bord de la banqueroute…
« La Grèce veut elle rester ou non dans la zone euro ? », s’est interrogé Nicolas Sarkozy lors d’une conférence de presse commune avec Angela Merkel, la chancelière allemande, vers 23 h 20, mercredi soir, à l’issue d’un diner de travail, qualifié de « dur » par la dirigeante allemande, entre les deux responsables, les présidents de la Commission européenne, José Manuel Durao Barroso, et du Conseil européen, Herman Van Rompuy, la directrice générale du FMI, Christine Lagarde et le premier ministre grec venu spécialement d’Athènes. « Nous le souhaitons », mais « c’est sur cette question » que le peuple grec « devrait se prononcer, si un référendum devait être organisé ». « Si le peuple grec dit qu’il ne souhaite pas » rester dans la zone euro, a ajouté une Chancelière aussi tendue que son homologue français, « nous le respecterons, mais nous n’abandonnerons pas l’euro ».

Georges Papandréou s’est partiellement rendu aux arguments de ses partenaires. Sans renoncer à sa consultation, il a admis implicitement que le référendum, qui pourrait avoir lieu le 4 décembre, aurait pour « enjeu » « de savoir si nous voulons rester dans la zone euro. C’est très clair ». Même si la question n’est pas encore définie. « Nous avons besoin d’un large consensus », pour appliquer la politique de rigueur, et « je crois que le peuple grec veut que nous soyons un partenaire fort dans l’euro, c’est cela l’enjeu ».

Il est clair que Papandréou a franchi un pas de trop. Les Européens ont le sentiment de porter à bout de bras un pays qui se moque d’eux : les réformes piétinent parce que l’État grec refuse de se réformer et maintenant ce référendum ! Or, la Grèce a déjà coûté très cher aux Européens (110 milliards d’euros) et va encore coûter aussi cher (109 milliards), sans compte la facture pour les banques. Si le pays veut expérimenter la faillite sans l’aide de l’Union, libre à elle. Mais elle devra quitter le navire.
Cela étant, à Athènes, les analystes ne croient pas que ce référendum unanimement condamné sur place aura lieu : la majorité du PASOK n’est plus que de deux voix après les récentes défections (152 sur 300) et une dizaine de députés a annoncé que jamais ils ne lanceraient le pays dans une telle aventure. Le scénario qui semble se dessiner est le suivant : dans la nuit de vendredi à samedi, un vote positif sur le plan européen, ce qui permettra sa mise en œuvre, un vote négatif sur le référendum et donc une démission du gouvernement ce qui ouvrira la voie à des élections anticipées ou à un gouvernement d’union nationale. Mais la partie n’est pas terminée.
Photos: Reuters