
La Grèce est-elle ainsi passée à côté d’une nouvelle dictature des Colonels (1967-1974) ? Ni Angela Merkel, ni Nicolas Sarkozy, ni Christine Lagarde, la patronne du FMI, ni les autres responsables européens présents à ce dîner n’y ont cru une seconde. Seuls des soupirs agacés ont accueilli ces propos. A raison. L’armée est loyale et n’est plus depuis longtemps une menace pour la démocratie. Surtout, les conditions sont encore loin d’être réunies pour justifier un tel acte (il faut revoir «Z» de Costa Gavras pour comprendre). Ensuite, le limogeage des responsables de l’armée était prévu depuis plusieurs mois - l’armée est une affaire politique en Grèce, et chaque majorité nomme ses hommes, ce que n’avait pas encore fait le Pasok -, Papandréou n’ayant fait que l’instrumentaliser pour dramatiser la situation.
Le Premier ministre grec, selon nos sources, a servi à ses hôtes une autre justification : en appelant à un référendum, il voulait forcer l’opposition de droite à accepter le plan européen. Enfin, à bout d’arguments, il a évoqué la situation des banques grecques « qui ne veulent pas être nationalisées ». Et c’est sans doute là la véritable explication du coup de poker de Georges Papandréou : la décote de 50% de la dette grecque va obliger le Fonds européen de stabilité financière à recapitaliser les banques grecques à hauteur de 30 milliards d’euros, ce qui va dissoudre l’actionnariat historique. Or, ces actionnaires sont constitués des grandes familles grecques, qui seront ainsi touchées de plein fouet, pour la première fois, par la crise. Ce sont sans doute elles qui ont fait pression sur le premier ministre pour qu’il obtienne par tous les moyens une renégociation du plan de sauvetage afin de préserver leur argent. Le fait qu’il n’ait consulté personne, tant dans son gouvernement, qu’au sein de son parti, montre que l’affaire s’est joué à un autre niveau.
Photo: Reuters