
Mais les deux principaux acteurs de la crise, l’Allemagne et la France sont encore loin d’être sur la même longueur d’onde sur les moyens de sortir de la crise, même s’il y a de nombreux points d’accord. Ainsi, la chancelière allemande et le président français sont en faveur de la « création d’une union budgétaire », selon l’expression d’Angela Merkel, entre les États membres de la zone euro afin d’éviter à l’avenir une nouvelle Grèce, union qui passera par une réforme des traités. Elle se fera à 27, mais en cas de blocage britannique ou suédois, l’unanimité étant nécessaire, elle pourra avoir lieu à dix-sept : dans ce cas, les États membres de la zone euro concluraient un traité ad hoc qui resterait ouvert aux pays qui n’ont pas négocié d’opt out (Grande-Bretagne et Danemark). Un traité qui pourrait même ne concerner que certains pays de la zone euro. Un pis-aller pour la chancelière : « je veux éviter une scission au sein de l’UE, la zone euro doit demeurer ouverte ».
Les deux rives du Rhin sont veulent aussi rendre les « sanctions plus rapides, plus automatiques et plus sévères pour ceux qui ne respectent pas leurs engagements », comme l’a dit Nicolas Sarkozy lors de son discours de Toulon, jeudi. En revanche, ils divergent sur les institutions qui seraient chargées de veiller à la discipline : le chef de l’État veut une « Europe intergouvernementale » où le dernier mot revient aux chefs d’État et de gouvernement, alors que la chancelière reste attachée à la « méthode communautaire » qui donne un rôle central à la Commission. Mais Nicolas Sarkozy est prêt à accepter que les décisions se prennent à la majorité qualifiée alors même que l’intergouvernementalisme implique l’unanimité… De même, la France refuse que la Cour de justice européenne puisse sanctionner les États qui violent leurs engagements européens alors que l’Allemagne y est favorable.

Or, pour Nicolas Sarkozy, cette « solidarité (financière) sans faille » est non seulement la contrepartie naturelle d’une « discipline (budgétaire) plus stricte », mais aussi le seul moyen de ramener le calme sur les marchés : « les Allemands veulent ajouter un étage à la maison alors que l’incendie est en train de la ravager », confiait hier un diplomate européen. Cela étant, Angela Merkel a entrouvert une porte pour l’avenir: une fois le contrôle commun des budgets nationaux en place, elle estime qu’une mutualisation des dettes sera possible. Pour essayer d’aplanir ces divergences de fond, la chancelière se rendra à Paris lundi et reverra son homologue jeudi, à Marseille, en marge d’une réunion du PPE, le parti conservateur européen.
Photos: Reuters
N.B.: version longue de mon article paru ce matin (la place, toujours la place...)