Le Time's Magazine vient de choisir la figure du manifestant comme «personnalité de l'année». 2011 a été marquée par le militantisme, ses multiples formes et répertoires d'action : manifestation, occupation, insurrection (souvent violemment réprimée), mouvement social, révolution. Et les trois vagues (révolutions «arabes», mouvement des Indignés, dynamique Occupy) forment ensemble un cycle de luttes extrêmement dense. Et l'année n'est pas terminée (comme le montrent les manifestations en Russie).
En outre, ces dynamiques sont suffisamment récentes pour échapper aux analyses sur leurs développements à venir. Il est possible de dégager quelques éléments quant à leur signification.
Leurs militants refusent de dissocier les pratiques et expériences micropolitiques des revendications et stratégies macropolitiques. Les revendications (formulées de manière générale et consensuelle) sont liées à leur fonctionnement interne, à leurs choix organisationnels et aux formes démocratiques dont ils se dotent. Il s’agit là d’un choix raisonné et conscient, bien plus que d’une phase initiale du développement de mouvements qui risqueraient de s’institutionnaliser.
Ce choix se fonde sur un rejet : celui du jeu de la politique institutionnelle. Ces mouvements n'ont pas pour objectif de donner du poids à des revendications qui finiraient par être discutées lors de négociations bipartites. Leurs aspirations n'ont donc pas besoin de prendre la forme d'un ensemble de mesures