Il y a un an jour pour jour, était signé l’accord sur les transports en Ile-de-France, paix des braves entre l’Etat et la région et lancement d’un projet de 144 kilomètres de métro, synthèse du métro Grand Paris voulu par l’Etat et du système Arc Express soutenu par la région. Ainsi naquit le Grand Paris Express, habile mariage des deux noms.
Un an plus tard, rien ne se voit encore mais, «le Grand Paris avance, et il avance vite», a affirmé ce matin Maurice Leroy, ministre de la Ville, lors de la présentation des voeux de la Société du Grand Paris. Etienne Guyot, président du directoire de la SGP, a détaillé cet avancement . Et donné, pour la première fois, un calendrier.
Mais d'abord, pour comprendre ce qui va suivre, la carte du futur réseau (cliquer pour agrandir):
L’année 2011 a été celle de nombreuses études, qui se pousuivent. En 2012, à l’été prochain, démarrera la procédure d’enquête publique pour le tronçon sud de la ligne rouge, entre Noisy-Champ et Pont de Sèvres. Un début seulement car les cahiers d’enquête publique ne seront pas dans les mairies avant novembre-décembre.
Entre décembre 2012 et avril 2013, l’enquête publique sera lancée sur les autres morceaux de cette ligne rouge, entre Noisy-Champ et Le Bourget à un bout, et entre Les Grésillons et le Mesnil-Amelot à l’autre. Même chose pour la partie sud de la ligne bleue. Toutes doivent être terminées avant la fin 2013.
L’enquête démarrera aussi pour la partie de la ligne verte allant d’Orly à Versailles. C’est celle qui traverse le plateau de Saclay. Ce morceau de métro avait été jusqu’au dernier moment un motif d’affrontement entre l’Etat, la région et les élus EELV du conseil régional, au point de ne pas figurer dans l’accord du 26 janvier 2011.
Désormais, c'est réglé. Le schéma de la ligne a fait l'objet d'un accord, de même que l'épineuse question de savoir si la ligne doit être souterraine ou aérienne. Ce sera les deux, avec «45% d'aérien et 55% de souterrain», a rappelé Etienne Guyot. Qui a précisé que grâce aux économies permises par le passage en surface, «on a pu rajouter sept gares et neuf kilomètres de ligne».
Autre dossier ouvert: une «consultation visant à déterminer la charte architecturale et les lignes de design des gares». Il s'agit de choisir une équipe qui va définir l'identité des stations du Grand Paris Express, «un Guimard du XXIème siècle», avait dit le président de la République. Cette base visuelle n'empêchera évidemment pas de faire un concours d'architecture pour chaque gare. Sept équipes vont être retenues dans les jours qui viennent et un groupe lauréat sera dévoilé à la fin du premier trimestre.
Reste la question clé: à quand les travaux? Le rythme des enquêtes «ne préjuge en rien de l'ordre des travaux», a dit Etienne Guyot. Qui a ajouté que la SGP travaillait sur des scénarios «utilisant simultanément 7 à 10 tunneliers». Un tunnelier creusant «environ 3 kilomètres par an» et sachant qu'il y en a 144 à réaliser avant 2025, à vos calculettes.
Une alternance à la tête de l’Etat remettrait-elle en cause ce Grand Paris Express? Dans l’entourage du candidat Hollande, on affirme que probablement pas. Le coup est parti et l’intérêt du projet certain. Côté argent, en revanche, cela risque d’être tendu. Il se pourrait bien que l’échéance de 2025 ne puisse pas être tenue pour la totalité du réseau et qu’il faille faire des phases.
Mais d'ores et déjà, les doutes sur le financement du projet émis assez régulièrement ici ou là, exaspèrent Maurice Leroy qui a soupiré ce matin: «Il arrive encore que l'on me dise qu'il n'est pas financé. Comment peut-on faire avancer des tunneliers si ce n'est pas financé?» A vrai dire, les tunneliers ne seront pas sur les chantiers avant deux ans. Et la dotation en capital de quatre milliards promise par l'Etat pour la SGP n'a toujours pas été versée. «Je n'en ai pas besoin avant 2014», dit Etienne Guyot. D'ici là...