La proposition de fusionner les quatre départements centraux de l'Ile-de-France, émise il y a quelques semaines par le président du conseil général de Seine-Saint-Denis Claude Bartolone, avait un peu bousculé l'ordonnancement du patient débat sur la gouvernance initié l'an dernier par Paris Métropole. Le voilà donc qui reprend son cours, avec la discussion hier en assemblée pleinière du Livre vert de la gouvernance. Longtemps repoussée au profit des questions de transports, l'organisation du bazar institutionnel du Grand Paris est desormais sur le devant de la scène.
Collationnant - et analysant - les contributions qu'ont envoyé 20 des 196 membres de ce syndicat mixte d'étude, ce document est l'étape préalable à la constitution d'un Livre blanc. Ce dernier constituera la proposition finale de Paris Métropole dans ce domaine, le but étant, dit Patrick Braouezec, le président, de «ne rien nous faire imposer d'en haut». Dans l'hypothèse où François Hollande serait ce «en haut», il ne ferait rien, affirme Braouezec qui a pris ses contacts, «sans les élus».
En attendant, il va falloir que ceux-ci se mettent d'accord. Ce n'est pas impossible, tant la recherche du consensus est dans les habitudes de Paris Métropole. Mais les positions sont pour l'instant encore assez clivées. «Il y a en gros trois familles», commentait hier Pierre Mansat, adjoint du maire de Paris à Paris Métropole, au début de la séance. La famille «articuler-confédérer», celle qui plaide pour des formes confédérales dans lesquelles les collectivités gardent leurs compétences, éventuellement augmentées de système de solidarité financière ou d'une autorité métropolitaine sur le logement. La famille «grand intégrateur» ensuite, qui prône la fusion des quatre départements centraux et la création d'une nouvelle collectivité. La famille «coordination» enfin, ainsi poliment désignée pour ne pas parler des tenants du statu quo.Parmi ceux-ci, toutefois, on trouve des représentants de la grande couronne, légitimement inquiets du sort qui leur serait fait en cas d'émergence d'un coeur de région puissant.
Le statu quo, en tout cas, semble difficilement tenable. Les vingt courageux qui ont déposé une contribution au débat n’ont pas ménagé leur peine et leurs textes résument très bien l’état des lieux et la particularité de ce drôle d’endroit à la fois riche et pauvre, marqué par les inégalités à quelques stations de RER de distance, et gangréné par un profond problème de logement. Dans la synthèse qui a été donnée aux membres pour faciliter hier leur discussion, on voit déjà des éléments de convergence. Il est évident pour tous que se développent à grands pas des «polycentralités», d’autres centre ville que Paris si l’on préfère, et qu’il faudra s’appuyer sur cet existant. Clair aussi qu’il va falloir développer des formes de solidarités entre territoires riches et pauvres. Organiser le logement à une autre échelle que celle de la commune. Enfin, trouver un cadre politique sur mesure. Nombre de contributeurs voudraient faire de la métropole parisienne un laboratoire institutionnel de nouvelles solutions.
Les contributions vont être débattues par les assemblées des collectivités et le Livre Vert sera publié fin mai. A la fin 2012, Paris Métropole devrait avoir un Livre Blanc à mettre sous le nez d’un gouvernement.