Les organisateurs avaient promis un «Davos des villes». Et de fait, le premier New Cities Summit qui a démarré ce matin pour trois jours au Cnit de La Défense ressemble un peu à ça, le ski mis à part. On trouve là des représentants de firmes planétaires telles que Cisco, Général Electric, Ericsson, Orange, GDF Suez. Des maires, ou anciens maires, de villes comme Vancouver, Washington DC ou Indiannapolis. Des chercheurs venus d'universités américaines ou européennes, des entrepreneurs indiens, saoudiens, russes. Pas encore de politique d'envergure nationale, mais ça viendra.
Le but du jeu: savoir si les nouvelles technologies pourront aider à surmonter l'explosion urbaine planétaire. Depuis trois ou quatre ans, plus de la moitié de la population mondiale vit dans les villes. «Chaque mois, c'est l'équivalent de Paris qui migre en ville», a dit Geoffrey West, professeur au Santa Fe Institute. Et c'est justement parce que cette croissance est alarmante que des firmes veulent proposer des solutions technologiques pour y répondre. Trois gros fournisseurs de réseaux, Cisco, Ericsson et General Electric ont fondé il y a un an et demi la New Cities Foundation, organisatrice de l'événement.
Ces firmes ont des arguments. Avec les nouvelles technologies, on peut contrôler les ressources en eau et en énergie, gérer les déplacements, améliorer l’éducation et la santé. Sur son stand, General Electric faisait la démonstration d’un pack médical destiné aux favelas de Rio. Une valise qui comprend les appareils pour les analyses ou les examens et envoie les données à l’hôpital. Cisco dessine une sorte d’écosystème de la connectivité, qui récolte et traite des masses de données. Ericsson rappelle que 85% de la population mondiale est couverte par le GPS et 35% par la 3G. Rien que sur la mobilité, les possibilités sont loin d’avoir été toutes explorées.
Faut-il dès lors leur donner les clés des villes? Anil Menon, un des dirigeants de Cisco, n'en demande pas tant. Il plaide pour un partenariat et admet que ça ne va pas être simple. «Y a-t-il un conflit entre le politique et le business?, s'est-il interrogé. Je ne pense pas qu'il devrait y en avoir mais il y en aura». Pour lui, «le privé ne peut pas construire les infrastructures mais quand les routes et les rails sont là, les connecter à Google Earth et piloter toutes ces données, ça, le privé peut le faire». La difficulté, c'est que «le business évite le risque et le politique évite les coûts. Ce qui ne fait pas une très bonne base de partenariat».
Geoffrey West, le professeur du Santa Fe Institute, ne croit pas, lui, que les nouvelles technologies permettront aux mégalopoles d'intégrer trois milliards d'habitants supplémentaires.«La ville est avant tout une relation entre les humains. Les technologies peuvent accélerer les choses et des villes comme Paris, New York ou Londres s'en sortiront. Celles des pays émergents n'auront pas le temps de s'ajuster».
Tout cela est assez loin du Grand Paris mais c'est intéressant. Ceux qui veulent en savoir plus peuvent aller fureter sur le site de la New Cities Foundation.