Menu
Libération
Blog «Grand Paris et petits détours»

Pour la droite francilienne, Cécile Duflot veut démanteler le Grand Paris

Blog Grand Paris et petits détoursdossier
François Hollande, alors candidat à la présidence, avait assuré Michel Teulet, président de l’Association des maires d’Ile-de-France (Amif), qu’il serait «bien entendu très attentif à ce que le projet de Grand Paris se poursuive car les accords trouvés méritent d’être menés à bien». Il avait pris cet engagement dans un courrier du 19 avril,  dont nous vous avions donné le contenu ici, et dans lequel il ajoutait: «On ne balaie pas d’un revers de main les travaux et l’énergie consacrés depuis quel
publié le 4 juin 2012 à 19h59
(mis à jour le 16 février 2015 à 16h03)

François Hollande, alors candidat à la présidence, avait assuré Michel Teulet, président de l'Association des maires d'Ile-de-France (Amif), qu'il serait «bien entendu très attentif à ce que le projet de Grand Paris se poursuive car les accords trouvés méritent d'être menés à bien». Il avait pris cet engagement dans un courrier du 19 avril,  dont nous vous avions donné le contenu ici, et dans lequel il ajoutait: «On ne balaie pas d'un revers de main les travaux et l'énergie consacrés depuis quelques années sous prétexte d'une nouvelle élection présidentielle». On ne saurait être plus clair.

Michel Teulet n’a pas dû être convaincu. Il figure en effet parmi les signataires d’une lettre ouverte à Cécile Duflot que Valérie Pécresse, présidente du groupe UMP au conseil régional, a rendu publique vendredi dernier.  Les présidents de conseils généraux de droite, ceux des groupes UMP dans les autres assemblées départementales ainsi que plusieurs  figures de la droite régionale, ont également paraphé ce texte qui ne fait aucunement référence aux engagements de François Hollande, mais s’inquiète surtout du choix de Cécile Duflot comme ministre titulaire du dossier.

«Avec l'entrée de  ce dossier dans votre périmètre ministériel, écrit Pécresse à Duflot, ce projet incontournable nous semble en danger. Votre famille politique s'est en effet toujours opposée au Grand Paris et vous avez vous-même voté contre l'adoption de l'accord Etat-région du 26 janvier 2011 dans l'hémicycle régional». De fait, les écologistes du conseil régional avaient effectivement été très critiques sur cet accord, provoquant un retard (d'une semaine) dans la signature. A l'époque, Cécile Duflot s'en était expliquée dans ce blog. « Forts de ces éléments et de vos récentes déclarations, nous sommes nombreux à nous interroger sur les véritables intentions du gouvernement et à craindre le démantèlement programmé du Grand Paris», poursuit Valérie Pécresse.

Aussi, demande-t-elle dans sa missive, «la sanctuarisation des 32, 4 milliards d'euros alloués à la réalisation du Grand Paris», ainsi que «la préservation de la Société du Grand Paris et le refus de la dissoudre dans le Syndicat des transports d'Ile-de-France (Stif)».

Sur le point financier, c'est surtout la situation de la desserte du plateau de Saclay par le  Grand Paris Express qui inquiète les signataires. Un financement en partenariat-public-privé avait été retenu par le gouvernement précédent et la formule a peu de chance d'être reprise par le pouvoir actuel. Au delà, l'idée de «sanctuariser» les 32 milliards est assez curieuse car, même dans l'accord, peu de choses sont sûres: la SGP bénéficie de deux nouvelles taxes et de la promesses d'une dotation en capital de l'Etat, d'un montant de 4 milliards mais dont pas un euro n'a encore été payé. Les versements doivent intervenir «au fur et à mesure des besoins de la Société du Grand Paris» comme, on peut le lire dans l'accord du 26 janvier 2011 (pour les curieux, l'intégrale du texte ici). Plus globalement, dans son courrier à l'Amif, François Hollande notait aussi qu'il restait «à trouver les financements nécessaires pour aboutir puisque le gouvernement qui a proposé la création du réseau de transport du Grand Paris n'a pas su trouver les financements pour atteindre l'objectif final».

Quant à la Société du Grand Paris, l'idée de la supprimer purement et simplement ne semble plus exister que dans de rares têtes car la SGP déploie une méthode en mode projet assez efficace et très appréciée des élus. En revanche, deux questions se posent: comment lui redonner une gouvernance politique régionale dans laquelle l'Etat ne soit plus seul maître à bord ou même plus du tout présent?  Et, en parallèle, comment redonner au Stif la maîtrise de tout le réseau qu'il sera amené à exploiter, y compris le Grand Paris Express? «Aujourd'hui, dit un proche du dossier, les conseilleurs ne sont pas les payeurs. La SGP est incitée à investir mais pas à optimiser l'exploitation ultérieure».