
Chacun reconnaît volontiers que «ce qui a été fait jusqu’à présent n’a pas été suffisant», pour reprendre la formule du président du Conseil italien. L’aggravation continue de la crise interdisant tout déni de réalité : «Pour sortir dans de bonnes conditions de cette crise de la zone euro et de l’économie européenne, davantage d’intégration est nécessaire.» Un diagnostic partagé par la chancelière allemande : «Il ne faut pas moins d’Europe, mais plus d’Europe.» Pour Angela Merkel, il est primordial de «donner un signal que nous allons vers une union politique» afin d’assurer aux marchés que l’euro est irréversible.

Une vision optimiste, puisque, pour Berlin, il n’est pas question d’attendre dix ans pour mutualiser les souverainetés économiques et budgétaires et démocratiser l’UE : «En même temps que la solidarité, vous avez besoin de contrôles», estime la chancelière, pour qui il faut préalablement «créer une structure politique pour avoir plus de contrôle et de responsabilité». Autrement dit, pas question de donner le code de la carte de crédit allemande sans contrôle des dépenses de chacun. «En Europe, il y a toujours beaucoup d’enthousiasme à mutualiser les fardeaux, mais beaucoup de réserves quand il s’agit de céder de la souveraineté à l’échelle européenne», ironisait-on dans l’entourage de Merkel.
Sur le volet croissance, en revanche, l’accord a été total : François Hollande s’est réjoui que les Quatre aient décidé de mobiliser «1% du PIB européen, c’est-à-dire 120 à 130 milliards d’euros, en faveur de la croissance», ce qui représente une année de budget européen. Cette somme sera atteinte en utilisant les aides régionales en déshérence (55 milliards d’euros), en lançant des project bonds destinés à financer de grands chantier d’infrastructures (la phase pilote portera sur 4,5 milliards d’euros) ou encore en augmentant des moyens de la Banque européenne d’investissement (une capacité supplémentaire de prêts de 60 milliards d’euros). De même, la taxe sur les transactions financières, destinée à créer une ressource nouvelle, verra bien le jour, mais pas à Vingt-Sept - la Grande-Bretagne ne voulant en entendre parler. Il faut rendre à César ce qui appartient à César : ce plan a été élaboré par la Commission européenne, François Hollande l’ayant simplement repris à son compte… La chancelière a reconnu que «le message important aujourd’hui, c’est que la croissance et des finances solides sont les deux côtés de la même médaille. Des finances solides est un prérequis, mais ce n’est pas suffisant si vous ne créez pas aussi de la croissance et des emplois».
Photo: Reuters