
* Pourquoi les quotas féminins sont-ils contestés ?
L’univers des entreprises reste largement masculin dès que l’on
grimpe dans la direction, alors que les femmes sont bien plus diplômées
que les hommes. On compte ainsi, en moyenne, 14% de femmes dans les
conseils d’administration des grandes entreprises européennes, et
seulement 3% parmi les PDG. La France, qui a adopté en 2011 une loi
imposant 40 % de femmes dans les conseils d’administration d’ici à 2017,
n’a pas à rougir, avec 24% en moyenne (contre 11,4% en 2009), soit à
peine moins qu’en Finlande (27%), Lettonie (26%) ou Suède (25%), mais
bien mieux qu’en Allemagne, au Royaume-Uni (tous deux 16%) ou en Italie
(6%). Rares sont ceux qui remettent donc en cause la nécessité d’une
action volontariste pour changer les habitudes. Le débat, au sein de la
Commission, a lieu à un autre niveau : les plus libéraux (comme le Belge
Karel De Gucht, la Néerlandaise Neelie Kroes ou la Suédoise Cecilia
Malmström) estiment que l’UE n’a pas à intervenir dans la gouvernance
des entreprises… Une opinion minoritaire.
Mais, hier, la réunion de la Commission a eu lieu à Strasbourg. Et,
comme d’habitude, une partie des 27 commissaires manquaient à l’appel,
dont plusieurs défenseurs du texte comme l’Espagnol en charge de la
Concurrence, Joaquin Almunia, coincé par une grève à Barcelone. Or, si
les opposants avaient demandé un vote, il aurait fallu atteindre
14 voix, ce qui n’était absolument pas gagné d’avance. D’où la décision
de renvoyer le texte pour éviter qu’il ne soit torpillé. Cette
valse-hésitation montre, en tout cas, que, même si le projet de
directive est adopté par les commissaires, ce combat est loin d’être
remporté devant le Conseil des ministres (l’organe où siègent les
Etats).
* Quid de La bataille de la BCE ?

* Les autres institutions font-elles mieux ?
Ce n’est pas difficile : le Parlement européen compte 35% d’élues, la
Commission, 9 femmes sur 27, dont 3 vice-présidentes. Au niveau des
cabinets des commissaires, la parité est la règle, même si on ne
dénombre que 5 chefs de cabinet et 5 chefs adjointes. Dans les services
de l’exécutif européen, près de 27% des postes d’encadrement reviennent à
des femmes (l’objectif était de 25% pour 2014). Les services du
Parlement européen font mieux avec 4 directrices générales sur 10. «Nous devons diriger par l’exemple»,
s’est rengorgée hier Viviane Reding, qui espère bien parvenir à imposer
la même politique aux entreprises de l’Union. La BCE est donc la seule
tache - et elle n’est pas minime vu ses pouvoirs - de ce bilan plutôt
flatteur.
Photos: Reuters
N.B.: article paru ce matin dans Libération