
- Pourquoi la Grèce ne parvient-elle pas à sortir la tête de l'eau?
Ce pays a « un problème sur le long terme qui n’est pas
soluble en deux ans et sans aide extérieure », a enfin admis fin octobre
Ewald Nawotny, le gouverneur de la banque centrale autrichienne. « La
Grèce est un pays très différent des autres pays de l’Union, proche de la
Bulgarie et de la Roumanie, mais qui ne sont pas dans la zone euro et ne le
seront pas avant longtemps », surenchérit un haut responsable européen.
« Il faut la faire passer d’une économie de rente, inapte à l’innovation,
où le profit est redistribué à un petit nombre de personnes, à une économie de
marché fonctionnelle, d’un ordre social fermé à un ordre social ouvert. Le
problème est que, même inefficace, ce système est très stable et donc très
difficile à réformer ». De fait, le gouvernement grec a continué à mentir
à ses partenaires ces trois dernières années, comme il l’a lui même reconnu, en
n’appliquant que très partiellement les réformes préconisées par les
Européens : pour l’essentiel, il a surtout baissé les salaires et les
retraites, le plus facilement vérifiable, sans toucher aux structures
économiques et étatiques, ce qui aurait menacé les intérêts de sa clientèle… Ainsi,
ce n’est pas un hasard si la Commission n’arrive que difficilement à dépenser
les 15 milliards d’euros destinsé relancer l’économie locale qu’elle a
débloqués : non seulement il y a un manque de projets, mais elle se heurte
à un mille feuille administratif et légal cauchemardesque qui rend difficile
toute action.
- La zone euro a-t-elle commis des erreurs dans sa gestion de la crise grecque ?

- Comment la Grèce peut-elle s'en sortir ?
Tant au FMI, qu’à la BCE ou à la Commission, on estime que
les Etats de la zone euro devront accepter une restructuration de la dette
grecque qu’ils possèdent, soit 240 milliards une fois que l’ensemble des prêts
auront été versés à ce pays. En clair de consentir à des transferts financiers
massifs. En effet, en dépit de la perte de 107 milliards consentie par le
secteur privé (qui ne possède plus qu’environ 62 milliards d’obligations
grecques), la dette est toujours aussi insoutenable à cause de la diminution du
PIB : alors que la zone euro espérait qu’elle serait ramenée à 120 % du
PIB en 2020 (ou 2022 si un délai supplémentaire de deux ans lui est accordé
comme c’est probable), elle devrait dépasser les 200 % en 2015. « C’est
insoutenable, non remboursable », affirme Laurence Boone, économiste en
chef de Bank of America.

En tous les cas, cette restructuration ne s’appliquera ni au
FMI (on voit mal des pays plus pauvres que la Grèce accepter de perdre leur argent),
ni à la BCE qui possède environ 50 milliards d’euros de dette, car cela
reviendrait à financer directement un Etat, ce qui est interdit par les traités
européens. Bien sûr, ce précédent pourrait pousser le Portugal et l’Irlande a
demander le même traitement : « c’est pour cela que l’Etat qui en
bénéficiera devra s’engager à appliquer effectivement les réformes qu’on lui
demande », explique un diplomate européen. Reste que cette solution
extrême ne sera probablement pas décidée avant les élections allemandes de
septembre 2013, car l’opinion publique n’est pas prête à accepter un tel
« cadeau », même si Berlin « évolue », comme s’en réjouit
un diplomate.