A la mi-février, le Premier ministre devrait rendre des arbitrages afin de dessiner plus clairement l'avenir du Grand Paris en général, et de son futur métro automatique Grand Paris Express en particulier. Pour l'aider dans cette rude tâche, les députés socialistes, emmenés par leur président de groupe Bruno Le Roux, et par Alexis Bachelay, co-rapporteur de la mission de suivi de la loi sur le Grand Paris, lui ont écrit cet après-midi. Dans leur courrier, leur plan. Qui vise à «réaliser la globalité du schéma» et «l'ensemble des lignes à l'horizon 2030».
«Nous devons sortir des malentendus hérités du précédent gouvernement pour entrer réellement et concrètement dans 'étape de la mise en oeuvre et de la réalisation de ce projet», écrivent les deux parlementaires, résumant à leur façon les mois qui viennent de s'écouler. Les «malentendus» sont en effet nombreux, si l'on en juge par l 'ambiance actuelle de psychodrame qui règne chez certains élus. Il s'agit donc de les dissiper en s'appuyant sur «des options techniques réalisables et sur une levée de contraintes législatives et financières».
Premier doute à lever: l'engagement de l'Etat. «Il nous apparaît primordial d'obtenir la garantie de financement du projet du Grand Paris par l'Etat, celle-ci étant versée au fur et à mesure des besoins», écrivent les deux députés. L'absence du premier milliard de dotation en capital dans la loi de finances 2013 et dans celle de programmation triennale, avait laissé planer quelques doutes sur la volonté de l'Etat de se lancer. Doutes qui existaient déjà, il faut le reconnaître, du temps de Nicolas Sarkozy. Désormais, «il faut donner à nos administrés le signal clair que le gouvernement mobilisera les moyens financiers nécessaires à la réalisation de ce projet».
Côté financement, les députés veulent «faire évoluer le modèle économique de la Société du Grand Paris», en déplafonnant la taxe sur les bureaux qui lui est attribuée et qui pourrait rapporter davantage. Mais aussi en permettant des amortissements d'emprunts sur une durée supérieure aux 35 ans prévus par la loi. Nombre d'élus rappellent souvent que le métro parisien a été amorti sur 70 ans.
Proposant des «options» de programmation, les deux parlementaires recensent ce qu'il conviendrait de réaliser, à savoir le plan de mobilisation mais aussi la ligne verte «reliant les pôles de développement économique majeur» que sont Saclay (ligne verte), Roissy-triangle de Gonesse (ligne rouge) et Orly (ligne bleue). Ils veulent aussi «les tronçons en rocade susceptibles de désaturer les réseaux existants» (ligne rouge sud, ligne orange) et celles qui désenclaveront les territoires prioritaires à l'est. Sachant qu'il est «essentiel» pour eux de donner la priorité aux territoires en difficulté, qui ont par ailleurs développé des projets dans le cadre des Contrats de développement territorial.
Comment parvenir à construire tout cela? En adaptant «le dimensionnement de l'infrastructure». C'est «du bon sens», écrivent-ils. En mettant noir sur blanc qu'il faudrait peut-être passer parfois en surface plutôt que par un onéreux souterrain, prévoir des quais et des rames moins longs et un travail sur les gares, les deux parlementaires valident des choix de métro plus léger, qui figurent dans les propositions du récent rapport Auzannet et qui commencent à être considérées de plus en plus sérieusement par nombre d'élus. «Il s'agit pour nous de sortir de la posture idéologique et de communication prônée par la précédente majorité, écrivent encore Le Roux et Bachelay, avec l»idée d'un métro souterrain et à l'identique partout, sans rapport avec les besoins réels et les capacités de financement de notre économie francilienne«. Depuis que les élus de Saclay ont validé l'idée d'un »métro léger«, nombre de leurs homologues de nord-est et de l'est se demandent désormais si l'option du métro »raisonnable« n'est pas préférable à pas de métro du tout.