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Blog «Les 400 culs»

Le fruit de mes entrailles

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A Nantes, là-même où un papa a fait son coup d’éclat sur une grue, le photographe Jean-Yves Corre immortalise depuis 2003 des hommes et des femmes qui tiennent un enfant de plastique entre leurs bras, avec une auréole sur la tête et surtout… avec amour. Fasciné par les images de la vierge portant Jésus sur ses doux genoux, Jean-Yves Corre réalise depuis plus de neuf ans les portraits «en Madone» de ses ami(e)s hommes et femmes, sans faire la distinction. Il y a une forme de mystère dans le fait
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publié le 21 février 2013 à 10h31
(mis à jour le 1er juillet 2019 à 15h54)

A Nantes, là-même où un papa a fait son coup d’éclat sur une grue, le photographe Jean-Yves Corre immortalise depuis 2003 des hommes et des femmes qui tiennent un enfant de plastique entre leurs bras, avec une auréole sur la tête et surtout… avec amour.

Fasciné par les images de la vierge portant Jésus sur ses doux genoux, Jean-Yves Corre réalise depuis plus de neuf ans les portraits «en Madone» de ses ami(e)s hommes et femmes, sans faire la distinction. Il y a une forme de mystère dans le fait de donner la vie que ces portraits explorent dans un mélange troublant d'humour et de tendresse. «Chaque Madonne ou Madhomme a son histoire, que l'image laisse entrevoir», explique Jean-Yves Corre, pour qui la mise en scène fixe et réglée des attitudes (pas toujours très pieuses) ne sert jamais que de révélateur intime…

Ses modèles tiennent la poupée comme s’ils étaient encore des enfants, mais qui auraient grandi en perdant une partie de leurs illusions. Certains la bercent, d’autres la brandissent. D’autres encore la serrent contre eux. Ils sont nus, en lingerie, en boa, en nuisette ou en string de vinyle rose, chacun portant sur le corps des stigmates de coeur brisé ou des marques explicites de penchants…

Il y a une forme de mystère dans le fait de donner la vie qui tient au caractère presque imperceptible du basculement : d’abord on découvre son corps, puis celui des autres. On s’amuse, on joue et un jour on se retrouve dans la peau d’un(e) géniteur(ice… A l’endroit même où se tenaient les parents, sur ce piédestal réservé aux seuls dieux protecteurs, avec la charge d’une âme sur les bras. Alors qu’on se sent soi-même si peu adulte, bien souvent, on est passé de l’autre côté.

Dans un ouvrage qui reproduit ces portraits intimes et drôles, en vente depuis le 12 février sur internet, Jean-Yves Corre écrit : «L'amour fait peur et les églises l'entourent de bénédictions répressives. Mais les Madones et Madhommes de la vie demeurent, à mes yeux, puissants et touchants comme le charme qu'ils diffusent. Merci à eux».

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Jean-Yves Corre s'est lui-même pris en photo, ici, dans le beau fauteuil en rotin du film Emmanuelle.

Madones et Madhommes, JY Corre, livre d'artiste tiré à 50 exemplaires numérotés et signés, accompagnés d'un tirage original (vous choisissez votre modèle, madone ou madhomme à la commande).

Note (corrigée le 21 fev) : juste au cas où… Les photos de JY Corre n’ont rien à voir avec les revendications de l’association SOS Papa, qui, soit dit en passant «dénonce» comme une injustice le fait que les enfants soient, dans près de 80% des cas de divorce, hébergés chez leur mère, en oubliant un détail d’importance : si les enfants sont hébergés chez la mère, c’est suite à un accord entre les parents. Les pères sont souvent d’accord pour n’avoir pas la garde, parce que ça les arrange (?), parce qu’on les dissuade de demander un partage de la garde (?), parce qu’ils sont seulement 26% à obtenir la garde quand ils la demandent (est-ce que ça vaut le coup de se battre en sachant qu’on a seulement une chance sur trois de succès ?)… Bref, pour des raisons complexes, les femmes restent celles qui s’occupent des enfants, dans une société qui reste rétive au partage à égalité… Pardon pour cette note hors-sujet.

«Lorsque les parents s'entendent, la résidence principale des enfants est fixée à 79% chez la mère dans le cadre d'un divorce et à 84% lors d'une séparation. 12% des divorces et 6% des séparations se font sur le principe de la résidence alternée ; 7% des divorces et 8% des séparations accordent la garde principale au père. Un litige persiste concernant la résidence des enfants dans seulement 2% des divorces avec enfant et auprès de 6% des couples non mariés, chacun des parents souhaitant obtenir la résidence de l'enfant chez lui. Le magistrat doit alors décider lui-même du lieu de résidence et des conditions de droit de visite et d'hébergement. En cas de divorce, ce dernier fixe alors la résidence chez la mère dans 65% des cas et chez le père dans 26% des cas. Les 9% restants correspondent à des résidences alternées ou à des fratries séparées, certains enfants vivant chez le père et d'autres chez la mère. En cas de séparation, la résidence est fixée un peu moins souvent chez la mère qu'en cas d'accord (69%) et plus souvent chez le père (17%) ou en alternance (10%)» (L.Chaussebourg et D.Baux, L'exercice de l'autorité parentale après le divorce ou la séparation des parents non mariés, Rapport pour le Secrétariat général, Direction de l'Administration générale et de l'Équipement, Sous-direction de la Statistique, des Études et de la Documentation, Ministère de la Justice, Octobre 2007.)