
Faudra-t-il attendre le lendemain des élections européennes de mai 2014 pour que l’Union ait un budget pour la période 2014-2020 ? Alors que la présidence irlandaise, dans la foulée de l’accord obtenu dans la douleur lors du Sommet de février sur le « cadre financier pluriannuel », espérait parvenir à un accord avec le Parlement européen dès le mois prochain, l’objectif est désormais hors de portée : les négociations entre les Vingt-sept et l’Assemblée, qui dispose d’un droit de véto, n’ont même pas débuté et il apparaît de plus en plus douteux qu’elles puissent commencer avant la rentrée de septembre. « Il n’est même pas certain qu’il y aura un vote avant la fin de la législature », estime Guy Verhofstadt, le président du groupe libéral. Ce qui n’est pas pour lui déplaire : « vous imaginez, on doit décider d’un budget pour 7 ans, ce qui signifie que le prochain parlement n’aura pas son mot à dire. Aucune démocratie ne fonctionne comme cela ».
Ce sont les États qui ont fourni les verges pour se faire battre.
En effet, comme l’explique le président de la commission du budget du Parlement
européen, Alain Lamassoure, les « factures impayées se sont
accumulées en 2012 et 2013 », les États n’ayant pas déboursé les
sommes promises : « il manquera sans doute aux alentours de 20
milliards d’euros à la fin de l’année ». La Commission vient donc de
proposer un budget rectificatif pour limiter les dégâts en gelant certaines
dépenses, au grand dam des pays bénéficiaires. Mais il faudra quand même que
les gouvernements décaissent 11,2 milliards d’euros pour combler le trou, ce
dont ils ne veulent absolument pas entendre parler. Or tant que cet arriéré de
paiement n’aura pas été réglé, le Parlement refuse de commencer à
négocier : « le traité nous interdit d’exécuter un budget en déficit
et c’est exactement ce que veulent faire les États membres. C’est
inacceptable ». « On ne va quand même pas vivre à crédit alors qu’on
reproche aux États de le faire », s’emporte Jean-Paul Gauzès, eurodéputé
UMP.
Si les États ne bougent pas, le Parlement campera sur ses
positions : « au pire, au passera au douzième provisoire le 1er
janvier 2014 sur la base du budget 2013, ce qui nous donnera plus d’argent
disponible par rapport à ce qu’ont conclu les États », s’amuse Alain
Lamassoure. « Et l’Allemagne, les Pays-Bas, l’Autriche et la Suède vont payer
plus, car ils vont perdre automatiquement le rabais dont ils bénéficiaient ».
Guy Verhofstadt résume l’ambiance actuelle au Parlement : « Je ne
serais pas malheureux en cas d’échec ».