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Blog «Les 400 culs»

«J'ai grandi grâce au porno»

A 20 ans, Angell Summers fait de la simple figuration dans des films X. A 21 ans, après avoir pesé le pour et le contre, elle fait sa première dans un film Dorcel. «Il m’a fallu plus de 3 ans pour faire ma première double anale et plus de 4 ans pour mon premier fist anal», dit-elle, expliquant les raisons qui l’ont poussée à devenir porn-star. Angell, à bientôt 26 ans, est actrice porno depuis maintenant 5 ans et gère sa carrière avec prudence. Comme il est interdit en France d’avoir un agent (
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publié le 19 avril 2013 à 10h57
(mis à jour le 21 janvier 2015 à 16h13)

A 20 ans, Angell Summers fait de la simple figuration dans des films X. A 21 ans, après avoir pesé le pour et le contre, elle fait sa première dans un film Dorcel. «Il m'a fallu plus de 3 ans pour faire ma première double anale et plus de 4 ans pour mon premier fist anal», dit-elle, expliquant les raisons qui l'ont poussée à devenir porn-star.

Angell, à bientôt 26 ans, est actrice porno depuis maintenant 5 ans et gère

avec prudence. Comme il est interdit en France d’avoir un agent (loi contre le proxénétisme), elle travaille esseniellement entre Budapest, Londres, Lisbonne et Los Angeles. «

J’ai aimé le porno français, ce côté famille où tout le monde se connaît et aime se retrouver sur un projet

», dit-elle, critiquant ensuite «

le manque de structure du porno français

» face à une législation répressive ; «

les acteurs et actrices qui tuent le métier en bossant gratos

» ; «

les prods amateurs qui ne font pas d’effort sur le résultat et se foutent des conditions de tournage.

» Conclusion : pour Angell, il n’y pas moyen de faire carrière dans un pays qui empêche le X de devenir un business sérieux… L’amateurisme a peut-être un côté sympathique, mais il

, dit-elle. Il faut quitter la France, si on veut

«réussir»

. Maintenant, Angell appartient à une agence américaine qui protège les intérêts des actrices et arrange leur calendrier de tournage. Elle ne considère pas le porno autrement que comme un métier. Un métier à court terme, peut-être, mais avec des débouchés : pour

en accès payant, Angell produit ses propres vidéos. Elle fait des shows en discothèque, présente bientôt son premier film en tant que réalisatrice et tient une chroniqueà Fun Radio… Le X : une profession (presque) comme les autres ?

Quand avez-vous vu du X pour la première fois ? 

Enfant, j’en avais entendu parler. Mais vu, non. Pourtant j’aurais pu. J’avais trouvé des cassettes, notamment celle intitulée

Histoire d’o

, un titre que j’avais trouvé très intriguant… Mais comme ces cassettes se trouvaient sur  «l’étagère interdite», je ne les ai jamais regardées. Par contre mon père avait quelques photos de charme que je trouvais très belles. En fait chez nous la sexualité n’avait rien de tabou et faisait partie de la vie, point.

Qu’est-ce qui vous a amené à envisager la possibilité de tourner dans un film X ?

Etant plus jeune je ne regardais pas de porno et n’aurais jamais pu imaginer être un fantasme pour les hommes. Un jour j’ai regardé un reportage sur la nouvelle Dorcel girl du moment -Oksana- et mon copain m’a dit qu’il me verrait bien actrice. Je me souviens avoir dit que non. On n’en a jamais reparlé en fait. Tout est parti d’un

, cela m’a plu, j’ai donc créé un blog de photo sexy mais soft. De là, j’ai enchaîné les séances photos, les participations aux salons érotiques et enfin de la figuration dans des films pornos.

Comment, quand, à quel âge, dans quelles conditions êtes-vous passée à l’acte ?

Quand j’ai participé à des films en tant que figurante. Un jour j’ai assisté à une scène hard, c’était pour un film Dorcel. La fille était magnifique, l’acteur doux et le réalisateur un grand homme. Cela m’a donné envie mais je voulais faire ça bien. J’ai mis environ un an à me lancer. J’avais 21 ans quand j’ai eu la chance de faire ma première scène pour un film Canal+ avec des acteurs pros, des costumes et une équipe technique complète.

Qu’avez-vous ressenti ?

A dire vrai j’avais peur, car les gens m’attendaient au virage. Et puis je voulais faire bien, réussir cette scène. Je me demandais comment j’allais me sentir après. Finalement tout c’est bien passé. J’étais épuisée mais heureuse.

Pourquoi faire le choix de ce travail  ? Quelles étaient vos motivations ?

En fait j’y suis venu petit à petit, on ne peut pas vraiment dire que j’avais une motivation spécifique. Plus une envie d’essayer, de découvrir, d’évoluer dans ce monde du charme qui me plaisait de plus en plus.

L’argent ?

Comme tout le monde et comme pour tout travail, à un moment donné, la question du salaire se pose. Mais pour être honnête j’ai quitté un CDI pour le monde du charme où le salaire est loin d’être fixe. Il faut savoir qu’en moyenne en France on peut gagner 500 euros sur une scène. Ça peut être plus ou moins selon la notoriété et le style de scène. Par contre, on ne tourne pas tous les jours et il peut y avoir des périodes de creux.

Est-ce que c’est de l’argent facile ?

Argent facile je ne pense pas non car ce travail n’est pas aussi simple que ce que les gens pensent et ensuite notre image est tout de même utilisée partout. Donc, oui, on mérite ce salaire.

Beaucoup pensent que les actrices font du X parce qu’elles aiment le sexe… Qu’en pensez-vous ?

Certes, il vaut mieux aimer le sexe pour faire ce travail, enfin en ce qui me concerne je ne peux pas faire quelque chose qui ne me plaît pas. Ceci dit, je ne pense pas que faire du porno seulement pour le sexe soit une bonne idée. L’image du porno est parfois dure à assumer, si c’est purement sexuel il est «facile» de nos jours d’avoir une sexualité épanouie et riche sans faire du porno. Maintenant j’avoue, mon travail m’a permis de tester pas mal de choses.

Est-il possible d’avoir un orgasme pendant les prises ?

Bien sûr cela est possible. Cela m’est arrivé plus d’une fois. Maintenant ce n’est pas automatique comme dans la vie. Ça dépend du partenaire, des positions, de la durée de tournage. Avoir un orgasme quand on est sur le set depuis déjà 5h et qu’il fait trop chaud ou qu’on se tient debout sur nos talons dans une position, oui, c’est pas simple. C’est un vrai travail.

Devient-on actrice de X pour la gloire ?

Pour la gloire ?  Non, enfin je ne pense pas que ce soit une bonne idée de faire du porno pour la gloire, les gens en France ont encore une mauvaise image des actrices porno. La plupart des filles qui se prennent pour des stars en faisant trois films porno et espèrent devenir des stars redescendent vite sur terre. En fait je pense que c’est pas tant de connaître la gloire grâce au porno qui intéresse les filles mais juste de connaître une certaine gloire, on recherche toutes plus ou moins une reconnaissance, un amour du public.

Pour s’affirmer ?

Le porno m’a effectivement permis de m’affirmer et de prendre confiance en moi. J’ai réussi par moi-même, j’ai avancé, je me suis construite et ai grandi grâce au porno, je n’ai pas honte de le dire. Ce métier m’a appris à me gérer, à gérer une carrière.

Par revanche ?

Je n’ai pas commencé par revanche mais finalement je l’ai. Mes copine attiraient plus les mecs que moi et avaient toujours l’argent qu’elles voulaient. Au final, moi je voyage partout, je réussis, je gagne bien ma vie et je fais fantasmer les hommes. Elles… eh bien, je ne dirais rien sur ce qu’elles sont devenues.

Beaucoup de personnes en France pensent que les jeunes femmes qui entrent dans le porno sont naïves, trop jeunes pour savoir vraiment ce qu’elles font. Qu’en pensez-vous ? 

Parfois oui et malheureusement les agents étant interdits et le métiers pas assez encadré, les filles ne savent pas toujours comment faire et vers qui se tourner. En ce moment beaucoup de nouvelles actrices viennent vers moi pour me poser des questions et les aider dans leur choix. Je suis ravie de le faire, mais j’aimerais qu’un agent puisse le faire pleinement et soit là pour elles car si un jour un tournage se passe mal je peux pas me permettre d’appeler le réalisateur, un agent oui.

Beaucoup pensent également qu’elles ne se rendent pas compte des conséquences…

Il faut bien y réfléchir c’est vrai, j’ai mis un plus d’un an entre mes premières photos et mon premier tournage. J’ai pesé le pour et le contre. Il ne faut pas oublier que l’on reste actrice porno à vie même quand on arrête. Que notre activité est publique et qu’il faut donc accepter les critiques (pas seulement les critiques constructives).

Si vous aviez un enfant, que lui diriez-vous au sujet de ce métier ?

Je pense que lorsque que j’aurai un enfant, je me devrai de lui expliquer mon travail.  Maintenir le secret sur cette partie de ma vie, cela ne serait pas sain. Mais c’est dur d’imaginer maintenant ma réaction je l’avoue.

Si c’était une fille et qu’elle voulait faire du porno ?

Je lui dirais de bien réfléchir, de ne pas faire ça à la légère. Je serais bien placé pour lui expliquer les avantages et inconvénients du métier. J’ai grandi dans une famille où on m’a appris que l’important c’est faire ce qui nous plaît vraiment, alors j’en ferai de même avec mes enfants.

Qu’est-ce que le X vous a apporté ?

J’ai appris à moins juger les gens, étant donné que je sais ce que cela fait. J’ai appris à être indépendante et avancer par moi-même. J’ai pu me rendre compte de la famille extraordinaire que j’ai car ils acceptent mon travail et même me soutiennent dans mes projets. Et je suis maintenant plus sûre de moi. Ce métier n’est pas fait pour tous certes mais moi il me convient et m’épanouit, alors pourquoi faire autre chose ?

«Mon film le plus marquant c'est Montre moi du rose de John B ROOT».